Il est arrivé après moi, témoin de ma naissance. Et tout de suite après, il s’est dissimulé aux yeux de tous, si ce n’est pour ceux pour qui vous voient déambuler chez vous en nuisette transparente au petit-déjeuner. Rien d’exotique, rien de sensuel, rien de voyeur, juste une petite ouverture dans notre corps de sirène. Il a commencé à se découvrir avec l’avènement des top crop, ces hauts courts qui le dévoilent toute honte bue, en coton multicolore aux beaux jours, en maille ou en crochet pour les plus audacieuses ou en soie pour les élégantes d’un soir, même en hiver. Une nouvelle arme de séduction d’abord réservée aux jeunes filles en mal de provocation avec un pantalon taille basse, un jeans moulant ou un short raccourci, il a gagné ses galons en investissant les armoires des modeuses. Glorifié avec l’arrivée du bikini, le ventre rebondi de Rihanna enceinte, doublé avec de faux ombilics ou exposé avec les saris des Indiennes, plus rien n’arrête son désir de célébrité. Alors, régime, musculation, haltérophilie ou autres contraintes physiques choisies sont indispensables pour donner fière allure à votre nombril qui avoue « regardez-moi dans les yeux, je garde le haut et le bas mais je suis heureuse de vous montrer mon nombril ». Beau ou déformé, centré ou à moitié fermé, plus narcissique que ça, tu meurs ! Le mot de la fin, je le confie à Paul Valéry : « Ma modestie est grande. Quand elle se hausse sur les pointes, elle arrive presque au nombril de mon orgueil ».
Vicky Sommet
♥ « Sais-tu qu’à chaque seconde,
Le monde relie à un fil
Nos petits nombrils. »
Matthieu Chedid dans « Nombril »
♥ « Adam avait-il un nombril ? »
Jacques Dutronc dans « On nous cache tout, on nous dit rien »
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