Succombez à la grâce des Jeunes amants qui fait valser les tabous avec panache, pudeur, délicatesse pour aimer tant que l’on respire cet air, si doux et si léger, sur lequel l’âge n’a pas de prise. Tout dans le film sonne et résonne avec justesse jusque dans les hésitations de Fanny Ardant, bouleversée par la délicate et irrésistible étincelle qu’allume Melvil Poupaud, presque plus mature qu’elle, affranchi des peurs et des conventions, plein de tact et de prévenance. C’est lui qui éclaire « cette femme flamboyante qui traverse l’existence sur la pointe des pieds », surprise de découvrir à 70 ans que le désir est intact quand deux âmes se rencontrent et se reconnaissent. Servi par la beauté des images en scope, par la musique qui participe à révéler et libérer les émotions (vous n’entendrez plus jamais la 1ère variation Goldberg comme avant), Les jeunes amants est une invitation à revoir nos a priori. Car derrière la peur du qu’en dira-t-on, c’est au final de la peur d’aimer qu’il faut se guérir. Si, « le plus sexy chez une femme, c’est son esprit », c’est aussi son plus grand frein parfois, qui répète « Un homme plus jeune que toi ? Faut pas rêver, voyons ! T’as vu ton âge ? ». Au fait, quel âge a l’air que vous respirez, là, maintenant, tout de suite ?
Anne-Claire Gagnon
Les jeunes amants de Carine Tardieu, avec Fanny Ardant, Melvil Poupaud, Cécile de France, sorti en salle le 2 février.