Nous ne sommes pas en temps de guerre, certes, mais ce confinement obligatoire s’y apparente grandement et ce n’est pas notre Président qui me contredira… WhatsApp a remplacé Radio Londres, mélangeant informations sérieuses et loufoqueries destinées à calmer nos angoisses. Les Français se déchirent au sein même des familles entre pro et anti Pr. Raoult, masques à tout prix et « ça ne sert à rien si tu n’es pas malade ». Les plus débrouillardes se refilent sous le manteau les coordonnées d’une esthéticienne qui résiste aux contrôles et brave les lois de la transmission pour venir en urgence récupérer les dégâts d’une coloration ou d’une coupe ratée. Les Françaises qui avaient jeté leurs casseroles avec leurs soutiens-gorge redécouvrent les joies de la cuisine et des petits plats faits avec trois fois rien. Et surtout, surtout, même si l’issue de cette bataille contre l’ennemi C. nous parait certaine, nous ne sommes pas maîtres du temps que cela prendra.
Alors patience, ma bataille à moi se joue à la maison contre un ennemi plus insidieux, l’ennemi P. comme Procrastination. Mais est-ce parce qu’on est confiné qu’on a envie plus qu’hier de faire ce qu’on avait toujours repoussé aux calendes, comme trier des placards, vider la cave et coller dix années de photos souvenirs en retard ? Aucun candidat parmi mes compagnons d’infortune pour m’accompagner dans ces tâches et c’est heureux après tout, personne n’a érigé en dogme que confiner devait rimer avec productivité. Contre cet ennemi-là, je rends les armes bien volontiers.