Elles… les filles du Plessis

0

En cette Journée de la Femme, replaçons-nous l’espace d’Elles… les filles du Plessis dans le contexte corseté des années 70 en France. Face au problème des grossesses de mineures rien n’est alors proposé, seules des « maisons maternelles » cachaient ces jeunes filles, honte pour leur famille. Voici les quatre bonnes raisons qui justifient de regarder ce téléfilm, récit bouleversant du combat d’une poignée d’entre elles contre l’ordre établi pour retrouver une visibilité et une dignité face à une société qui n’a pas encore digéré Mai 68.

Une histoire vraie

Bénédicte Delmas, scénariste et réalisatrice, avait ce projet depuis dix ans dans ses tiroirs. L’idée lui est venue en lisant une bio de Simone de Beauvoir qui relatait un événement précis : la rébellion de jeunes filles mineures enceintes, pensionnaires d’une maison au Plessis-Robinson, dans le but de  faire reconnaître leurs droits et particulièrement celui de l’accès à l’éducation. Il fût difficile de retrouver des témoins, celles-ci ayant désormais changé de noms, de vie et souhaitant occulter cette période de leur jeunesse. Seul contact : une ancienne pionne. Seuls écrits : quelques archives dont le fameux Torchon Brûle, journal du M.L.F.

Le Château de la Solitude

Bénédicte Delmas a l’habitude de travailler vite (Sous le soleil, Plus belle la vie, Enquêtes réservées) : 22 jours, dont une grande partie dans le Nord à Saint-Amand-les-Eaux, furent nécessaires au tournage (K’IEN Productions -David Kodsi). Son souhait, partagé avec le chef déco, a  été de rester plus dans des tons pastels que dans le code couleurs des années 70. L’ambiance du foyer, baptisé alors le Château de la Solitude, était certainement plus noire et austère, mais impérativement la réalisatrice voulait garder le focus sur ces jeunes filles si proches de l’enfance et sur leur énergie bouillonnante d’adolescentes.

Sandrine Bonnaire en méchante

L’actrice a accepté le rôle de celle que l’on appelle seulement, la Directrice, dès la lecture du scénario. Celle qui incarnait dans le Procès de Bobigny, Gisèle Halimi, (avocate défendant une jeune femme violée jugée pour avortement en 1972) se retrouve ici de l’autre côté de la barre. Femme rigide, aussi étriquée que son tailleur marqué à la taille, toute en contraste face aux ventres arrondis et à la vitalité des jeunes pensionnaires auxquelles elle propose, convaincue, « une seconde chance ». Représentante de l’ordre moral de l’époque, fonctionnaire de l’État, contrairement à son assistante Dominique (Blandine Bellavoir), on sent que les pattes d’éph’, les foulards bariolés et les idées du MLF ne passeront ni par son vestiaire ni par son bureau.

Elles… les jeunes actrices

Retenez bien leurs noms et leurs visages ! Le casting des jeunes mineures est juste « cosmique » (ceux qui verront le film comprendront l’adjectif). Noëmie Merlant (Brigitte), la rebelle et l’impertinente, remarquée dans Les Héritiers. Sandrine Bonnaire loue « sa spontanéité mais aussi sa réflexion, sa sauvagerie, sa rage. Une actrice dans la veine des actrices que j’aime ». Roxanne Bret (Marie-France), la bourgeoise affirmée et amoureuse. Camille Aguilard (Jacqueline), courageuse jusqu’au procès face à son agresseur. Nastasia Caruge (Claude), fragile réunionnaise dont le sort sera le déclencheur de la révolte.

La loi Veil encadrant une dépénalisation de l’avortement en France sera votée le 17 janvier 1975. « Ce film est un hommage à toutes ces femmes qui se sont battues » (Bénédicte Delmas), « Comme une piqûre de rappel » (Sandrine Bonnaire). Vigilance !

Christine Fleurot

ELLES… LES FILLES DU PLESSIS, un téléfilm écrit et réalisé par Bénédicte DELMAS, avec Sandrine BONNAIRE, Blandine BELLAVOIR, Noémie MERLANT, Roxane BRET, Camille AGUILAR, Nastasia CARUGE, Jean-Michel MARTIAL. Production : K’IEN PRODUCTIONS – David Kodsi. 3 prix au Festival de la fiction TV de Luchon. 

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.