Christian et Caroline parcourent ensemble à vélo les routes en France et à l’étranger plusieurs mois d’affilée. Ils frappent à ma porte un soir à Saint Jean Pied de Port cherchant une chambre pour la nuit. Leur belle entente de couple au long cours et le récit de leurs aventures cyclistes m’enchantent.
Une aventure qui commence seul
Au moment de la retraite, Christian hésite entre partir marcher à Compostelle ou faire du vélo. C’est un sportif, il en a le physique, mince et musclé, et le mental. Mais c’est aussi un couple sportif : ils ont couru ensemble pendant une dizaine d’années, notamment des marathons, et pratiquent l’hiver le longe côte¹ avec des amis sur les côtes bretonnes. Christian opte finalement pour le vélo et fait un premier voyage seul de Saint Malo à Strasbourg, 1 966 kms en 5 semaines. Caroline pense que c’est une lubie et que ça lui passera, mais il y prend goût et repart l’année suivante des Vosges à Budapest, 2 000 km. Au retour, Caroline voit des étoiles briller dans ses yeux…
« Mon coco tu ne repars plus tout seul ! »
lui dit-elle. C’est un couple de longue date (44 ans de vie commune) qui a toujours tout fait ensemble et besoin de partager. Ils optent donc pour un tandem Hase Pino, une marque allemande, et commencent par aller de la Bretagne, où ils vivent, à Narbonne. Puis l’année suivante de Bâle à Rome. Puis de Strasbourg à Munich, Prague, Berlin. Lille, Copenhague. Après quatre ou 5 ans à ce rythme (ils partent en général 5 semaines d’affilée l’été), ils trouvent que leur tandem est difficile à transporter et optent chacun pour un Brompton, vélo pliant anglais à 6 vitesses, qui, une fois plié, a la taille d’une valise cabine.
« À la grâce de Dieu »
Et là, ils se lancent en Asie. Ils ne partent plus 5 semaines d’affilée, mais trois mois. Ils y ont déjà fait plusieurs voyages (tout a malheureusement été arrêté à cause du COVID) et traversé en pédalant Taïwan, la Corée du Sud, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, le Vietnam. Ils prennent un billet d’avion et les trois premières nuits à l’arrivée dans une auberge de jeunesse et ensuite… « à la grâce de Dieu » comme on dit. Christian est confiant, c’est lui qui rassure Caroline et pense qu’ils vont toujours trouver où dormir. Pour les longues distances, ils plient maintenant leurs petits vélos dans les trains ou les bus.
♦ Et les bagages ? « C’est ce qui est compliqué, il faut cibler pour que ça rentre dans les sacoches. C’est une leçon de simplicité. Mais en Asie tout est plus facile, il ne fait jamais froid. On se sent en sécurité. On trouve à manger partout. Christian porte les choses plus lourdes. » Caroline
♦ Et le budget ? « J’ai fait le calcul, si on reste à la maison on dépense la même chose, même en comptant les billets d’avion. » Christian
♦ Et l’effort physique ? « On ne force pas, on fait en moyenne 60 km par jour. L’entraînement vient avec les jours. Nous ne sommes pas des voyageurs précis, on avance au gré de nos envies. On pousse parfois dans les montées. » Caroline
Une belle entente et une relation forte
Ils parlent tous les deux avec des étoiles dans les yeux :
♥ « Après toutes ces années, on est synchro et on a les mêmes goûts. On n’est pas pressé. De temps en temps j’ai la nostalgie de ma maison et des enfants si je sens que l’un ne va pas bien, mais ça passe. Nos enfants nous poussent à le faire ! » Caroline
♥ « Je bénis le ciel chaque matin depuis 8 ans d’être à la retraite. Le monde à découvrir est infini . Je me lève à 6h et lis beaucoup. Nous sommes davantage complices en voyage. Et puis à la maison elle veut toujours que je repeigne le salon ! » Christian
On les sent « chaud bouillant », comme ils disent, pour repartir en Asie début janvier pendant deux ou trois mois. Et puis, un jour, ils rêvent de pédaler de Calais (Maine) jusqu’à Key West (Floride), 4 000 kms sur la East Coast Greenway². Leurs précédents blogs de voyage sont partis en fumée dans un incendie d’hébergeur OVH, mais ils ne manqueront pas de nous communiquer les liens vers leurs futurs blogs, Caroline peint et les illustrations y seront de sa main.
Marie-Hélène Cossé
¹Il s’agit de marcher le long de la côte dans une eau à hauteur de buste à 6 degrés, équipé de combinaison, gants et cagoule…
²East Coast Greenway