Avec plus d’un million de patients en France, c’est une pathologie qui fait peur… Même si elle reste mal soignée avec des causes qui demeurent incertaines et des patients insuffisamment pris en charge, prévenir la maladie d’Alzheimer aujourd’hui est possible, tandis qu’une percée scientifique très récente aux États-Unis redonne de l’espoir.
Un défi pour la science
Les mécanismes moléculaires impliqués dans le développement toxique des protéines responsables du déclin cognitif ne sont pas entièrement connus. Cela rend les diagnostics complexes, surtout dans la phase précoce. Or Alzheimer est une maladie silencieuse pendant 20 à 25 ans, avant qu’elle ne se manifeste par les premiers signes de démence. On estime que 50% des malades ne sont pas diagnostiqués. Alors qu’une personne atteinte, diagnostiquée tôt, qui possède encore toutes ses capacités de faire des choix de vie et d’anticiper sur l’évolution de sa maladie, pourra profiter de méthodes de prise en charge, voire de médicaments. Elle pourra ainsi atténuer ses troubles, prolonger son autonomie et éventuellement, si elle le souhaite, participer à des essais cliniques dans le cadre de la recherche de nouveaux médicaments. Cela est d’autant plus important depuis l’autorisation très récente de la FDA¹ de mise sur le marché américain, d’un médicament agissant sur les stades très précoces de l’Alzheimer², une avancée absolument décisive dans le traitement de la maladie.
Un enjeu majeur de santé publique
On l’a vu avec la crise COVID, la recherche publique en matière de santé a besoin de moyens financiers accrus. L’emploi des chercheurs en France est précaire et le risque existe d’une fuite des cerveaux vers l’étranger. Des acteurs de terrain, comme la Fondation Vaincre Alzheimer³ qui fait appel aux dons, sont indispensables, afin de participer au financement de projets de recherche innovants, d’aider les chercheurs à identifier les cibles responsables de la maladie, d’informer le public sur les avancées médicales comme le lancement du Lecanemab4 et de dé-stigmatiser la maladie. La présidence de la Fondation est assurée par Madame Isabelle Trousseau Magny. Elle comprend 11 salariées, toutes des femmes très impliquées, comme la directrice générale et scientifique, le Docteur Mai Panchal Ph.D. Le Professeur Paquet5 qui dirige leur comité d’experts au niveau international est une spécialiste reconnue en neurosciences. En 2022, 11 projets de recherche ont été sélectionnés et financés par la Fondation Vaincre Alzheimer pour plus d’1 million d’euros.
La prévention primaire pour réduire les risques
La Fondation Vaincre Alzheimer soutient des études épidémiologiques qui ont mis en évidence certains facteurs protecteurs pour vieillir en bonne santé et limiter les risques de développer la maladie. On peut facilement s’en inspirer dans la vie quotidienne : des séances d’activité physique régulières, une alimentation de type méditerranéen à base de poisson, fruits, légumes verts, légumineuses et d’huile d’olive, une surveillance des maladies cardiovasculaires et enfin des activités cognitives et sociales afin de faire fonctionner son cerveau. À cela s’ajoute la correction auditive, car la perte d’audition a des conséquences sur les capacités cognitives. On s’isole progressivement sans forcément s’en apercevoir, c’est donc un facteur de risque.
Nous savons que prévenir la maladie d’Alzheimer est possible. Soyons optimistes sur les progrès de la recherche scientifique qui permettront de vaincre cette terrible maladie et ayons une bonne hygiène de vie !
Michèle Robach
¹Food and Drug Administration qui autorise aux USA après vérification des études cliniques, la vente des médicaments. Son équivalent en Europe est l’Agence Européenne des médicaments (AEM).
²La FDA vient d’approuver aux États-Unis un médicament, le Lecanemad. Les sociétés Esaï et Biogen ont annoncé sur 18 mois de traitement une réduction de 27% du déclin cognitif sur des patients atteint au stade précoce mais avec d’importants effets secondaires. Le médicament est en cours d’études par l’AEM.
³ Vaincre Alzheimer
4Ibid.
5Cheffe de service du Centre de Neurologie Cognitive, centre expert régional (CMRR) pour la maladie d’Alzheimer à l’hôpital Lariboisière-Ferdinand-Widal.