La terre nourrit les hommes, mais elle est aussi la gardienne de trésors enfouis au plus profond d’elle-même, carrières ou gisements, partout là où la main humaine sait extraire des roches pour les transformer et fabriquer porcelaines, grès et céramiques ou les transformer en pierres précieuses : tous ces objets qui nous enchantent et viennent agrémenter notre vie.
La porcelaine a son histoire
François Xavier d’Entrecolles, un père jésuite qui résidait en Chine, révéla en 1712 les secrets de fabrication de la porcelaine. Au cours du XVIIIe siècle arriva en France le kaolin qui permit la production de la porcelaine transparente. Une substance proche fut trouvée en Saxe dès 1705, puis un gisement fut découvert à Limoges par le chirurgien Darnet qui avait remarqué la terre blanche utilisée par sa femme pour la lessive. Limoges devint ainsi la capitale de la porcelaine. En 1768, Louis XV achète le gisement, faisant de la production de porcelaine un privilège royal qui autorisait la fabrication de la porcelaine en France.
Secrets de fabrication
Le mot dérivé du chinois Gaoling signifie Collines Hautes, là où se trouvait la carrière de kaolin. La fabrication des céramiques témoigne des progrès techniques (maîtrise des éléments naturels, terre, eau, feu et air) et restitue les coutumes et les habitudes alimentaires des peuples. Les objets en terre cuite sont fabriqués à partir d’une argile de couleur allant du gris au rouge ferrugineux, alors que les blanches contiennent du calcaire, de la silice et du kaolin. Aujourd’hui, les ateliers de production de la Manufacture de Sèvres¹ fabriquent quatre pâtes à porcelaine, dure, tendre, nouvelle et blanche, avec des matières premières comme le feldspath et le quartz et, pour les couleurs, des oxydes métalliques, sans oublier l’or et l’argent, une tradition française d’excellence.
Turquoise, jade, ambre, corail ou malachite…
Incluses dans la roche, ces pierres se laissent découvrir lentement et après être taillées et polies, elles deviendront des gemmes qui se divisent en trois catégories : les pierres précieuses, les pierres fines et les pierres ornementales. Dans les précieuses, on trouve un quatuor :
♥ le diamant incolore (les Romains l’appelaient « adamas », l’indomptable), rouge, vert, jaune, brun, bleu, champagne ou rose comme Le Grand Condé de 9 carats visible à Chantilly,
♥ le rubis (140 fois moins dur que le diamant) comme la pierre de couleur sang de pigeon trouvée au Myanmar et transformée en boucle d’oreille pour un éléphant royal,
♥ le saphir bleu comme le Stuart de 109 carats serti dans une couronne exposée à la Tour de Londres, et
♥ l’émeraude verte qui favoriserait les sentiments comme celle de plus de 141 carats propriété de l’amoureux éternel qui a construit le Taj Mahal pour sa dulcinée.
Si les pierres précieuses ont constitué au XVIIe siècle la fortune de la France, au XVIIIe, les mines d’Inde étant épuisées, le Brésil les a remplacées, au XIXe, Marie-Louise a reçu de Napoléon une parure de diamants transformée et conservée au Smithsonian à Washington, au XXe, l’Art Nouveau a pris le relais avec les bijoux Art déco et aujourd‘hui, ces pierres ornent les bagues de fiançailles.
Pour émerveiller et enrichir, l’exposition qui s’ouvre au Museum d’Histoire naturelle² raconte le passage du monde des minéraux, vieux de dizaine de millions d’années dans les entrailles de la terre, au savoir-faire des hommes qui les transforment³ en parures oniriques.
Vicky Sommet
¹Manufacture de Sèvres, 2 place de la Manufacture, 92310 Sèvres. La Manufacture fut au fil des régimes politiques, manufacture royale, impériale puis nationale. Toujours en activité, elle poursuit l’édition d’objets avec une production orientée vers la création contemporaine. Devenue aujourd’hui Cité de la céramique, elle abrite aussi le Musée National de Céramique.
²Exposition évènement « Pierres précieuses » au Museum National d’Histoire Naturelle jusqu’au 14 juin 2021.
³École des arts joaillers Van Cleef & Arpels.
À noter la réouverture de la Galerie d’Apollon au Louvre avec une nouvelle présentation de la collection des Diamants de la couronne conservée par le musée.
