Chantal de Colombel, le bijou vivant

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Pierres précieuses, pierres nobles, pierres anciennes, métaux variés et idées originales, Chantal de Colombel reproduit la beauté de la nature en mêlant des couleurs et des formes inspirées par son regard sur les fleurs et les végétaux.

L’esprit de la création

C’est après un séjour de trois mois en passant par l’Italie, la Grèce, la Crête et en revenant par l’Allemagne, que Chantal de Colombel remarque à Munich dans la Leopoldstrasse des expositions d’artistes, peintures et bijoux. « Je me suis arrêtée chez l’un d’eux plusieurs jours de suite et en discutant, il m’a proposé de venir le voir dans son atelier et m’a mis des outils dans les mains. J’ai alors senti que c’était ma vocation et que c’était ça que je voulais faire ! Avant, j’étais professeur d’allemand et secrétaire de direction. Au grand dam de ma mère qui me disait que je ne pouvais pas m’improviser bijoutière, car je n’avais pas fait d’études dans ce domaine. Mais je me suis obstinée, j’ai démarché des boutiques, laissé mes créations en dépôt, fait des expositions et c’était parti. Après, j’ai vite buté contre la technique et j’ai suivi des cours du soir dans une école de bijouterie pour me perfectionner. Et enfin, dans le cadre du Salon des Ateliers d’Art, j’ai pris un stand d’un mètre carré, le plus petit du salon, et j’ai vécu une chose unique, un grand magasin allemand a fait le pied de grue pendant une heure avant de passer commande, tellement j’avais d’acheteurs, c’est ce qui a lancé ma carrière ! ».

La nature enserrée

Pour copier la nature en termes de formes mais sans le parfum, la technique vient au service de la fabrication du bijou : utilisant la galvanoplastie, Chantal de Colombel met dans un bain électrolytique (anode en cuivre et cathode recouvrant le végétal avec un conducteur d’électricité) une fleur, par exemple un brin de muguet, une fleur de paulownia ou une branche de gui pour sa forme. Enfin, pour donner la touche finale, sont ajoutées soit des perles, soit des pierres semi-précieuses.

« C’est plus facile avec des fleurs sèches qu’avec des fleurs fraîches car je dois les stabiliser au préalable avec du graphite pour que les corolles restent ouvertes et ne pas mettre trop de cuivre pour ne pas les déformer. Le tout a l’apparence du métal mais la fleur est toujours à l’intérieur. Je peux alors souder pour créer la forme et plaquer le tout à l’or fin ».

Pierres qui roulent amassent les idées

La bijoutière choisit les pierres pour leur forme et leur couleur et c’est alors seulement que l’idée du bijou va naître et non l’inverse. Elle a un goût prononcé pour les perles baroques plutôt que les perles rondes. Boucles d’oreilles longues, colliers, bracelets ou broches, Chantal de Colombel travaille sur des bijoux uniques et utilise de l’opaline ancienne, car elle trouve que c’est très beau sur la peau en la mélangeant avec du grenat qui rehausse le côté fade de l’opaline. Corail ou pâte de verre tibétaine ou du Nagaland pour le rouge, pour créer un rapport de ton avec le rouge à lèvres, ou le bleu avec le lapis-lazuli, l’aigue marine mais pas de coup de cœur pour les pierres roses à l’inverse des pierres de fouille qu’elle affectionne, comme les roches précolombiennes.

« Et les femmes préfèrent l’or jaune ou rose car c’est plus chatoyant l’hiver à côté de nos peaux blanches, l’été en revanche, c’est plus facile de proposer de l’argent »

Chantal de Colombel ne se fixe aucune limite, seules les pierres la stimulent pour inventer des formes et des assemblages de couleur, allant jusqu’à conseiller celle qui vient avec une pierre de famille ou un bijou ancien pour lui redonner une nouvelle vie. Un vrai travail d’artisane d’art en réponse à des désirs pas toujours précis ou bien formulés, chaque cliente devenant alors créatrice à son tour… le temps d’un bijou !

Vicky Sommet

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