Après nous avoir guéries du syndrome de l’imposteur, Élisabeth Cadoche et Anne de Montarlot, récidivent pour « En finir avec la rivalité féminine », un objectif ambitieux, puisque cette notion construite par le patriarcat est souvent transmise de mère en fille. De nombreux ouvrages paraissent actuellement, montrant que les temps sont venus de s’en défaire, aussi difficile soit le but.
Le talent de l’une ne menace pas l’autre
« La rivalité est fondée non pas sur la force, mais sur la peur d’être supplantée par l’autre femme, que ce soit dans les domaines amoureux ou professionnels. » C’est sur cette peur du manque, sur cette croyance limitante qu’il n’y en aura pas assez pour chacune de nous en matière d’amour, de partenaires, de postes… que la rivalité s’est construite. À nous de la battre en brèche en prenant conscience chaque jour des raisons qui nous poussent à médire d’une autre femme – appliquons les filtres de Socrate : est-ce vrai, utile, bon ? – et en cultivant le meilleur antidote contre la rivalité et l’envie, l’admiration !
Nostra culpa donc ! C’est à nous de balayer devant notre porte et de comprendre pourquoi parfois nous sommes plus dures avec une femme qu’avec un homme.
Être nous-mêmes sans crainte
Les femmes sont des humains comme les autres, parfois en colère, empathiques, agressives, douces, égoïstes ou compréhensives. Qu’une femme ne soit pas d’accord avec une autre ne devrait pas être stigmatisé – surtout par un sempiternel « elle a ses ragnagna ». Nous valons mieux que ça ! C’est à chacune de nous qu’il appartient de cultiver une saine émulation entre nous sans crainte et de désamorcer la rivalité, souvent larvée chez les femmes alors qu’elle est assumée et valorisée entre les hommes. Comme l’a écrit Doris Lessing, citée par les autrices, « la rancœur et la colère sont impersonnelles. Elles constituent la maladie des femmes de notre temps. »
Des amies et des sœurs solidaires
Avec moins d’ego et plus d’esprit d’équipe, nous pouvons par la solidarité et la sororité retrouver notre puissance originelle et notre autonomie. En comprenant les mécanismes dont nous sommes victimes, nous pouvons, comme nous y invite à le faire Florence Sandis, fondatrice de l’agence Brisez le plafond de verre², décider de : « toutes aider ne serait-ce que deux ou trois femmes autour de nous, très concrètement, et nous deviendrons des magiciennes ! »
Anne-Claire Gagnon
« En finir avec la rivalité féminine » d’Élisabeth Cadoche et Anne de Montarlot (éd. Les Arènes, 2022)
¹Brisez le plafond de verre