Que les « seniors » ne soient pas seulement étudiés sous l’angle médical mais sous leurs multiples facettes, que la mode fasse partie de leur art de vivre, qu’elle parle de manière positive du vieillissement, c’est l’idée de Catherine Marcadier-Saflix qui nous parle du beau vieillir. Tout un art de vivre !
La mode, un rôle moteur
Promise à un bel avenir, cette belle jeune femme, économiste de formation avec une carrière toute tracée (elle a notamment travaillé comme conseiller dans des cabinets ministériels et des ambassades), décide de bousculer toutes les idées reçues en se consacrant aux seniors et à la mode. Elle fonde En Mode Création(s), une agence de conseil qui s’adresse aux professionnels de l’industrie de la mode féminine, afin de les inciter à prendre en compte dans leur stratégie de marque les consommateurs de plus de 55 ans. Elle constate que la mode ne s’adresse pas directement à eux, car ils sont considérés comme une génération « pivot », soit pour s’occuper des plus jeunes ou pour aider les plus anciens, sans toujours tenir compte de leurs attentes spécifiques. Bien qu’ils soient de grands consommateurs au pouvoir d’achat important, certaines marques renvoient une image caricaturale de cette tranche d’âge, alors que la mode a un rôle moteur essentiel vis-à-vis de la société en contribuant à donner une image positive de l’avancée en âge.
En étant bien dans son corps, en travaillant l’estime de soi, on projette une image positive et joyeuse car on a trouvé son style et des vêtements en lien avec sa personnalité, sa morphologie, son mode de vie et son (nouvel) environnement.
Catherine s’est intéressée à la mode depuis toujours, notamment sous l’angle de l’anticipation pour fixer des caps et des scénarios possibles, car elle pense, et a constaté, que la mode devance toujours les grands bouleversements sociétaux et est un facteur d’émancipation pour la femme : le corset jeté aux orties, la souplesse du jersey et de la laine, le pantalon et même le smoking…
La mode, facteur positif de longévité
Dans « Le grand livre de la longévité », Catherine a contribué à la partie « La mode et la beauté » qu’elle appelle le beau vieillir. Elle aimerait voir proposer une offre véritablement « désignée » et intergénérationnelle de vêtements et chaussures, parier sur le développement de la « slow fashion » adoptée par les jeunes et les moins jeunes, autre façon de consommer et véritable lien entre les générations. Une envie de « quasi » sur mesure, de boutiques devenant le complément de la e-boutique, car nous avons besoin de toucher les matières, de savoir d’où elles viennent, comment elles sont fabriquées et de retrouver l’esprit de ce que l’on a aimé.
« Le beau vieillir peut se traduire dans les objets et les produits du quotidien, pensés et soumis aux seniors, s’intégrer dans les activités qui leur sont proposées, et enfin se révéler dans leur manière de se vêtir, de se présenter eux-mêmes, aux autres et finalement au monde ! »
Il faut faire évoluer son look avec son âge et son mode de vie, être plus sélectif et trouver un équilibre entre confort et style. Il faut raconter une (son) histoire sans être consensuel. Au contraire, osez la couleur (je conseillerais le vert…), la vie est trop courte pour s’habiller triste ! La France est la patrie de la mode et c’est à elle de trouver l’image de la future « fashion senior ».
Anne-Marie Chust
En Mode Création(s), Agence Mode & Enjeux sociétaux
Le grand livre de la longévité (Editions Eyrolles, novembre 2019). Sous la direction de Nicolas Menet, les 12 co-auteurs sont : Guislaine Bottero, Clément Boxefeld, Alexandre Faure, Raphaelle de Foucauld, Marie de Hennezel, Claudie Kulak, Catherine Marcadier-Saflix, Dr. Anthony Mézière, Julia Mourri, Olivier Noel et Mélissa Petit.