Le temps limite notre existence, on nait, on grandit, on vieillit et on meurt. Les femmes et les hommes n’en auraient pas la même notion. Il y a d’un côté le temps biologique, sommeil, repas, sport et, de l’autre, le temps spirituel, celui de la création et du travail. Comment vivre avec le temps lent et le temps rapide, that is the question !
Le temps découpé
L’origine du vocable temps vient de sa racine gréco-latine « témé » qui signifie coupe. Car le temps est en effet une succession de coupes en éléments distincts, ce qui permet de le mesurer. D’où les emplois du temps, chargés pour les femmes avec les tâches domestiques augmentées des activités professionnelles et chronophages pour les hommes, qui créent, produisent et dominent… et ça, ça prend du temps ! Mais la donne est en passe de changer avec la notion d’égalité au travail, de pouvoirs partagés et l’image du « mâle dominant » qui disparait de nos sociétés.
Le temps morcelé
Le temps se partage entre les temps visibles et les temps masqués. La vie professionnelle se déroule à visage ouvert, la vie domestique se cache derrière son efficacité. Aux femmes de reprendre le contrôle pour aménager leur temps de travail en laissant la place aux temps de loisir, aux hommes de faire une place plus grande au partage pour équilibrer leur temps entre maison et bureau. Le temps serait-il un outil de la nouvelle société à laquelle nous aspirons ? Oui, si égalité, fraternité et liberté se donnent la main pour la construire ensemble. Sans se sentir trahis par le temps.
« La vraie trahison est de suivre le monde comme il va et d’employer l’esprit à le justifier » écrit Jean Guéhenno.
Le temps formateur
Au 21ème siècle, les femmes et les hommes ont des temps professionnels différents : encadrement mangeur de temps pour les hommes, encadrement familial qui grignote la disponibilité des femmes. Le temps « utile » est donc largement vécu par elles, alors que le temps d’astreinte colle à la peau des messieurs. Ils se rejoignent dans le temps parental qui se superpose au temps contraint. Mais là où ils se différencient encore, c’est dans le temps sportif avec une prédominance chez elle pour le temps solitaire (je pratique le yoga chez moi) et le temps collectif pour lui (je joue au foot avec les collègues du bureau). Reste une nouvelle donne, le temps d’engagement, celui accordé aux personnes âgées, celui qu’on donne comme bénévole, celui où l’on s’engage dans une association.
Passer du temps d’apprentissage au temps de la vieillesse avec un long arrêt dans le temps adulte, il y a toujours eu un sentiment d’urgence à saisir le temps et les nouvelles technologies ont été des réponses utiles pour en gagner. Cette question n’est pas neutre puisqu’elle est présente dans toute notre vie, même lorsqu’il s’agit de notre futur. « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible » a affirmé Saint-Exupéry. Alors, vous attendez quoi ?
Vicky Sommet
« Si le temps nous était conté » de Sandrine Meyfret aux éditons Atlande, octobre 2021.