Se réjouir de tous ces petits riens qui rendent meilleur notre quotidien, voilà probablement une des clés pour mieux vivre, comme l’explique la psychologue et chercheuse Rébecca Shankland.
Apprécier les petits riens qui changent tout
C’est en travaillant à l’étranger dans l’humanitaire auprès d’enfants de rue que Rébecca Shankland a été frappée, à chacun de ses retours, de constater combien le bonheur semblait moins facile d’accès à ceux qui vivaient dans des conditions plus faciles comme on peut le voir en France. « J’ai alors décidé de changer mon orientation de carrière pour trouver des moyens de favoriser l’orientation de l’attention vers les dimensions satisfaisantes de notre existence, à commencer par des choses toutes simples comme le fait de savourer la chance que l’on a de prendre une douche chaude, de manger un bon repas ou dormir dans un lit confortable. » Il suffit d’imaginer nos vies sans notre confort pour mesurer combien elles seraient plus difficiles. « Faire cet exercice de soustraction mentale est une pratique qui développe l’émotion de gratitude : on perçoit la chance que l’on a, une émotion qui nous donne envie de partager avec d’autres. »
Des pratiques quotidiennes gratifiantes
Entraîner notre attention à percevoir davantage les éléments satisfaisants de nos relations et de notre quotidien contribue à augmenter le sentiment de lien social et la satisfaction de la vie. Pour cultiver ce regard reconnaissant envers l’existence au quotidien, Rébecca Shankland propose par exemple de réaliser un journal de gratitude dans lequel on note chaque soir jusqu’à cinq choses, petites ou grandes, pour lesquelles on éprouve de la gratitude. Les effets de ce type de pratique ont été mesurés par plusieurs études de psychologie positive montrant des bénéfices sur la réduction des symptômes anxieux, dépressifs et sur l’amélioration du bien-être.
Voir le verre à moitié plein
La psychologie positive est l’étude des conditions qui favorisent l’épanouissement et les capacités d’adaptation des individus et des groupes. Elle a pour objectif d’identifier les ressources personnelles, collectives, institutionnelles permettant à chacun de se développer au mieux. Attention à ne pas confondre psychologie positive et pensée positive où l’on cherche à s’auto-convaincre que tout va bien ou que tout est positif. « La psychologie positive ne cherche pas à inventer une réalité différente de la nôtre, elle cherche à rééquilibrer notre regard sur la réalité, car notre cerveau est davantage alerté et marqué par ce qui ne va pas, ce qui dysfonctionne. »
Savourer chaque instant pleinement
À ressasser sans arrêt, nous perdons de vue les autres aspects de notre quotidien qui sont plus satisfaisants. Les pratiques de pleine conscience représentent l’une des manières que nous avons de développer une attention plus fine à l’ensemble de nos expériences, et pas uniquement à nos tracas. Comme les pratiques de psychologie positive, la pleine conscience favorise des relations plus constructives.
Alors pourquoi ne pas ouvrir l’œil, noter les bonnes choses chaque soir, et augmenter ainsi notre satisfaction de vivre et ainsi cultiver des relations positives ?
Anne-Claire Gagnon
Après avoir publié « Le pouvoir de la gratitude » (2016), Rébecca Shankland co-signe avec Christophe André : « Ces liens qui nous font vivre : Éloge de l’interdépendance » (Odile Jacob, janvier 2020).