L’humour est une qualité qui s’apprend à n’importe quel âge. Avant tout une attitude existentielle qui suppose de savoir rire de soi-même, iI joue un rôle déterminant dans l’équilibre personnel et libère les tensions. Indispensable en ce moment non ?
L’humour comme protection
L’humour nous protège contre notre vulnérabilité individuelle. Il nous permet de contourner les émotions les plus pénibles (douleur, inquiétude, stress, etc.) en prétendant que, temporairement, le pire n’est jamais certain même s’il est à venir. L’humour noir force le trait comme dans l’exemple de cet escroc et assassin, apprenant son exécution un lundi et déclarant : « Voilà une semaine qui commence mal », une façon de désamorcer la brutalité du réel. Pendant un instant, au détour d’un trait d’humour, on se sent indestructible, maître du monde avec une estime de soi comme dopée. C’est un moyen de défense face aux situations qui provoquent des sentiments d’angoisse, une prise de distance par rapport à une réalité menaçante. Aux États-Unis, il est courant de commencer une intervention devant un auditoire par un trait d’humour.
L’humour, le plus court chemin d’un être à un autre
L’humour influence nos rapports aux autres. Il agit comme correcteur social dans la mesure où il permet d’évacuer la violence que chacun a en lui. Répondre avec humour est la meilleure manière de désamorcer un conflit, une attaque personnelle ou ressentie comme telle. Il est donc porteur de message (vous n’êtes pas sérieux, mieux vaut en rire). À ce titre, il est un facteur de sociabilité et fait appel à la réflexion et à l’intelligence. Dire de quelqu’un qu’il a de l’humour est un compliment et nous rapproche de la personne. Avoir des rapports humoristiques avec quelqu’un renvoie à l’agréable, au plaisir de la rencontre.
L’humour nous console en nous faisant rire de nous-même
Celui qui fait de l’humour provoque le rire avec ses ses propres travers, ses faiblesses. Il permet d’exprimer ses doutes et nous fait descendre sur terre de façon parfois brutale. Une manière de choisir sa vie en quelque sorte avec ses failles et ses impasses. Le personnage de fiction Bridget Jones nous a séduits par son côté fragile qui représente l’humour féministe. C’est une gaffeuse qui manque totalement d’estime d’elle-même, essayant désespérément d’arrêter de fumer, de boire et de perdre les kilos qu’elle a en trop, ce qui ne l’empêche pas de croire dur comme fer qu’elle va trouver l’homme idéal. Son recours à l’humour lui donne une manière de voir le monde plus légère, plus empathique sans toutefois être dans le déni.
Pour Romain Gary, l’humour est une déclaration de la supériorité de l’homme face à ce qui lui arrive. Et si l’on y recourait plus souvent afin de s’armer face aux incertitudes de l’année à venir ?
Michèle Robach