On ne guérit pas d’une mauvaise mère, mais de sa relation. C’est un des nombreux enseignements de l’ouvrage thérapeutique qu’Anne-Laure Buffet consacre à ces mères qui blessent et dont Folcoche est une des représentantes emblématiques.
Mère sans être maman
Mais autant sur le papier ou au cinéma on peut en rire autant avoir une mère qui n’est pas une maman constitue un handicap émotionnel qui bouleverse tout enfant. Lequel prend souvent un temps fou avant qu’il n’ose se l’avouer voire en parler à un tiers. Car, par définition, les parents sont sacrés, et la mère encore plus que le père puisqu’elle met au monde.
Anne-Laure Buffet évoque dans son ouvrage toutes les situations où la mère est manquante, mauvaise, défaillante, mal aimante, toxique, maltraitante, etc. En mettant un mot, une étiquette sur chaque situation, elle permet à chacun d’entre nous qui a souffert d’un tel handicap de s’en libérer pour mieux renaître.
Première étape : achetez son ouvrage et osez l’ouvrir, lire le sommaire pour aller picorer là où la plaie de chaque enfant mal aimé reste brûlante.
Au fil des pages, même en sautant d’un chapitre à l’autre, les courts récits de patients ou citations d’écrivains sont autant de témoignages fraternels des enfants cassés, fracassés, blessés. On s’aperçoit qu’on n’est pas seul dans cette galère de n’avoir pas reçu l’amour maternel au berceau.
Accepter ce qui est pour guérir
« Il ne s’agit pas de guérir de sa mère, mais de la relation », précise Anne-Laure Buffet, « en soignant le corps, le cœur et l’esprit. » Souvent il y a eu un ou plusieurs proches qui ont joué le rôle de substitut maternel, un « tuteur de résilience » comme l’appelle Boris Cyrulnik, permettant à l’enfant d’être aimé et de se construire. Mais parfois certains enfants devenus adultes restent attachés au lien toxique mis en place, préférant boiter plutôt qu’apprendre à marcher seul.
Dans le chemin de deuil nécessaire, la première étape est d’oser s’avouer le mal qu’on a subi – « J’ai été victime de ma mère, elle m’a fait du mal » – pour admettre qu’elle ne sera jamais à la hauteur du rêve qu’on avait. C’est à l’adulte que nous sommes devenus de consoler l’enfant intérieur meurtri et de choisir comment changer l’ordre des choses.
S’affranchir de la rancœur
En pardonnant ou rompant parfois, en apprivoisant souvent une réalité finalement pas si singulière l’enfant mal aimé devient un véritable adulte et souvent un bon parent. Car malgré les blessures de tous ordres, ces ex-enfants ne sont pas condamnés, pour autant qu’ils fassent table rase de la rancœur et des regrets, « ces locataires qui occupent notre cerveau sans payer de loyer » dit Jérôme Leroy, écrivain, en consommant notre belle énergie.
Se libérer de l’emprise des mères qui blessent, une paix à souhaiter en 2019 à tous les enfants meurtris !
Anne-Claire Gagnon
Mid&Flandres
Les mères qui blessent – Se libérer de leur emprise pour renaître d’Anne-Laure Buffet (éditions Eyrolles, 2018)