C’est une histoire peu banale, celle des femmes vues par le prisme des objets de la vie courante qui les représentent mieux qu’une photo : outils, ustensiles, vêtements, objets d’art ou intimes. Ils n’auront plus de secrets pour vous une fois la malle aux trésors ouverte, de ceux qui racontent notre histoire de la Préhistoire à nos jours.
Modes et tendances
C’est un dialogue entre les époques puisque les objets sont témoins d’une mode et les femmes ont toujours survolé leur temps en suivant des tendances ou en s’identifiant à des idées nouvelles un temps, vite dépassées le temps d’après. Par-delà les frontières, les cultures et les imaginaires, les femmes ont fait se rejoindre leurs opinions et leurs goûts comme si la planète entière ne parlait que d’une seule voix. Elles ont connu les époques corsetées, corsets en métal au XVIe siècle inventés par les hommes en Espagne pour torturer les femmes, un peu comme les pieds bandés des Chinoises. Repris par Jean-Paul Gaultier ou Madonna, il est devenu le symbole d’une femme libre et forte.
En remontant le temps
Je m’arrête sur un petit miroir en ivoire datant du Moyen-Âge, époque où Aliénor d’Aquitaine a inventé l’amour courtois. Derrière, se trouve représentée une partie d’échecs entre une femme et un homme, témoin d’une révolution où les femmes étaient traitées à égalité, où leur étaient enseignées la littérature et la philosophie et où seul importait le fait de jouer. Plus tard, on rencontre les gants parfumés de Catherine de Médicis, apportés de Florence pour masquer les odeurs corporelles, car on se lavait peu par peur de l’eau. Ces dames ont alors fait appel à un producteur local et l’art du cuir de Grasse fut supplanté par la création de parfums. Ou encore le premier selfie, une aquarelle représentant une jolie paire de seins galbés qui tenait lieu de portrait à envoyer à un futur prétendant, celle de Sarah Goodridge qui a fait là un acte courageux, une demande en mariage en bonne et due forme ! Ou encore, les petits carnets des sœurs Brontë, aujourd’hui répartis dans des musées en Angleterre ou à Harvard, où se dévoilent déjà des histoires d’amour imaginaires présentes plus tard dans leurs romans.
Plus près de nous
L’épingle à chapeaux qui permettait de remettre à sa place un soupirant trop entreprenant, le couteau de la mère Fillioux, la cuisinière lyonnaise, qui aurait découpé 5 000 volailles pour préparer sa poularde demi-deuil, la machine à écrire Remington, conçue par un homme, mais qui a permis à des centaines de femmes de gagner leur autonomie en travaillant comme dactylo, la bicyclette qui obligea les femmes à quitter leurs longues jupes victoriennes qui se prenaient dans les roues pour adopter des pantalons bouffants à l’orientale, ce qui faisait dire à l’époque qu’un troisième sexe était apparu, la cycliste ! Suivirent le numéro 5 de Chanel, le parfum des garçonnes ou le rasage des aisselles avec le rasoir Gillette.
Pour terminer par l’entrée en force de la pilule contraceptive pour la liberté sexuelle des femmes ou la chanson d’Aretha Franklin « Respect », une histoire passionnante qui est la nôtre !
Vicky Sommet
« 100 objets racontent une histoire des femmes » par Annabelle Hirsch aux éditions Les Arènes (2023).
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