Quel est le point commun entre la broche Panthère de la duchesse de Windsor, l’étui à cigarettes en or de Randolph Churchill (le fils de Winston) et l’épée d’académicien de Jean Cocteau ? C’est de faire partie de la Collection Cartier.
Un siècle et demi de création joaillère
Depuis 1983, la « Maison » de la rue de la Paix rassemble des pièces historiques de son patrimoine, en les rachetant auprès de particuliers ou au gré des ventes publiques. « Cartier a une conscience patrimoniale depuis de nombreuses années. Réunir, restaurer, conserver et partager les créations les plus représentatives du style Cartier depuis sa naissance en 1847 jusqu’à nos jours, c’est la mission de cette collection privée. » nous explique Pascale Lepeu, conservatrice de la Collection Cartier depuis 2003.
Cartier vit et crée avec son temps…
L’entreprise française, ouverte à Paris en 1847 par Louis-François Cartier, est devenue dès le début du XXe siècle un empire tourné vers l’étranger avec l’ouverture d’une boutique à Londres, puis à New York. Fournisseur des têtes couronnées et des célébrités, Cartier est devenu, selon le roi Édouard VII, « le joaillier des rois et le roi des joailliers ». On se souvient du diadème Halo que Kate Middleton portait le jour de son mariage avec le prince William, de Liz Taylor ou de la duchesse de Windsor qui possédaient un nombre impressionnant de bijoux Cartier. « Les archives précieusement conservées par la Collection attestent les liens forts que Cartier a su nouer avec les familles royales et les célébrités .»
Précurseur de l’Art déco avec ses bijoux stylisés aux couleurs vives et aux formes géométriques, inventeur de la montre-poignet au bracelet en cuir, Cartier a su créer un style bien identifiable et a surtout accompagné l’évolution du statut de la femme. C’est Jeanne Toussaint qui crée « la panthère » en 1948, icône intemporelle de Cartier et symbole de la femme indépendante.
… et contribue à la reconnaissance de l’art joaillier
La collection Cartier précieusement conservée par la « Maison » conserve plus de trois mille pièces, bijoux, diadèmes, objets précieux et un groupe unique au monde de pendules rares, dont vingt dites « mystérieuses », aux aiguilles en platine et diamant qui semblent flotter sans lien avec le mouvement. « Au-delà des expositions temporaires que nous organisons, derrière les bijoux et la collection, il y a des métiers, des hommes et des femmes qui travaillent, c’est tout un savoir-faire français qui perdure », précise Pascale Lepeu.
La Collection Cartier est accessible au plus grand nombre : avec des rétrospectives et des participations à des expositions dans des musées à travers le monde, elle relate cent soixante-dix ans de création Cartier au travers de l’histoire des Arts décoratifs du XXè siècle. Cette année, la Collection voyage en Asie : après Beijing en juillet, elle sera au National Art Centre de Tokyo du 2 octobre au 16 décembre 2019 dans une exposition relatant l’évolution du style de Cartier.
Marie-Blanche Camps
Cartier, crystallisation of Time
La Collection Cartier (Flammarion, 2018)