Expos : vu de l’intérieur

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Sculpteur contemporain versus peintre danois, deux Mid&Plus conquises par deux expos à l’affiche jusqu’au cœur de l’été vous livrent leurs émotions artistiques…

Almost human de Thomas Houseago
Musée d’Art moderne jusqu’au 14 juillet 2019
par Vicky Sommet
©ADAGP, Paris 2019. Thomas Houseago, Sitting nude, 2006Tuf-cal, chanvre, fer137,2 x 94 x 88,9 cmRubell Family Collection© Thomas Houseago © ADAGP, Paris, 2019Photo : Joshua White

Presqu’humain, c’est le titre de l’exposition des œuvres de l’artiste britannique aujourd’hui installé à Los Angeles, Thomas Houseago. Peintre et sculpteur, il utilise pour exprimer ses visions le bois, le plâtre, le fer ou le bronze et donne ainsi vie à ses personnages « Almost human ». Ce sont des êtres forts, enrobés, musclés et si vivants, au contraire de Giacometti qui privilégie la minceur et le minimalisme. Pas de couleur mais la présence du bois qui donne une chaleur très humaine à ces personnages qu’il faut deviner derrière leur carapace de plâtre.

« C’est comme lorsqu’une chatte a ses petits. Tu la nourris, tu sais qu’elle attend sa portée, et tout à coup elle part et voilà ses chatons. » T. Houseago

Installées dans les salles monumentales du Musée d’Art Moderne, ces sculptures trouvent leur place sans avoir à pousser les murs ni surélever les plafonds. Anatomie déformée, échelle exagérée, ces corps en équilibre, couchés ou debout, laissent au visiteur tout loisir pour imaginer leurs entrailles et donnent à voir en même temps les vestiges du processus de fabrication de l’artiste qui inscrit la figure humaine dans l’espace. Comme Fantôme, une œuvre installée à l‘extérieur du Musée, sur le parvis qui fait face à la Tour Eiffel, deux réalisations dues à la main de l’homme et qui se côtoient malgré le siècle et demi qui les séparent.

♦ Exposition Hammershøi – Le Maître de la peinture danoise
Musée Jacquemart André jusqu’au 22 juillet 2019
par Anne-Marie Chust
©Hammershoi - Mid&Plus

Le Musée Jacquemart-André nous livre une exposition consacrée au grand maître de la peinture danoise. Wilhelm Hammershøi (1864-1916). Pour la première fois depuis vingt ans, des œuvres du peintre sont réunies à Paris. Il a choisi comme sujets de la plupart de ses peintures son très proche environnement et les membres de son intimité quotidienne. Il nous rappelle Vermeer et le temps suspendu à sa fenêtre, Hopper et ses visages figés qui regardent au loin, en passant par Mondrian et ses paysages horizontaux presque géométriques … Ses intérieurs, poétiques et énigmatiques nous donnent une impression d’isolement, d’esseulement et d’absence.  S’y succèdent des portes qui laissent apparaître des silhouettes de femmes (souvent de dos et souvent son épouse Ida), qui parfois regardent à (ou par) la fenêtre et qui nous signalent qu’un autre monde existe, ailleurs. Il y a comme un refus du monde extérieur, pourtant Hammershøi a voyagé, Paris (où il a été exposé), Londres…

« Le narrateur dans ces images, c’est la lumière, qui, douce et grise, emplit la chambre et dit avec un millier de mots ce mur nu. » Hans Rosenhagen, 1905, Kunsten

Peintre du vide et de l’immobilité, mais un charme fou et mélancolique, une force contenue, des tableaux blêmes, où seuls entrent parfois des rayons de soleil transportant quelques grains de poussière qui se reportent sur le sol par l’embrasure des portes ou des fenêtres… un camaïeu de gris qui part vers le blanc pour s’en éloigner, avec juste une pointe de jaune et de violet…On nous dit que dans sa maison, son véritable atelier, lorsqu’il s’apprêtait à peindre, il procédait à une sélection des objets à représenter, en omettant certains éléments de décor, saisissant ainsi un motif dans sa globalité symbolique… Il est finalement mort relativement jeune et on peut imaginer que l’abstraction serait arrivée dans cette recherche du vide et de l’essence et de son propre cosmos.

VOIR « Le Festin de Babette » tiré du roman de Karen Blixen. Excellent ! Et des paysages inspirés des tableaux de HammershøI.
LIRE « Intérieur – une rencontre avec le peintre Hammershøi » de Philippe Delerm (paru en 2009).

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