Escapade en Bourgogne

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Ni vignobles millésimés, ni chais historiques, ni repas bien arrosés, c’est une autre Bourgogne que je veux vous faire découvrir, celle des petits châteaux de la Haute Renaissance qui ont abrité des familles nobles férues d’architecture et qui ont osé sortir des sentiers battus pour faire construire des demeures originales.

Tonnerre de Zeus !

Cette expression qui est aussi un juron peut fort bien illustrer les impressions que l’on ressent à la vue de ces châteaux hors du commun, tous situés dans la région de la petite ville de Tonnerre, une cité de caractère. À commencer par Ancy-le-Franc, le plus connu d’entre eux, un monument-clé de l’Italien Sebastiano Serlio, célèbre architecte du roi François 1er, qui a été à l’origine de ce virage qui a donné lieu à une architecture à la française. D’apparence très sobre, avec une façade presqu’austère, on comprend qu’on est passé des châteaux-forts du Moyen-Âge à des châteaux de plaisance où les seigneurs venaient se reposer à la campagne, le bâtiment quitte les douves en eau pour voir s’installer des fossés secs et le gothique flamboyant laisse place à une plus grande simplicité. Mais les intérieurs, eux, brillent par leurs superbes décors peints des XVIe et XVIIe siècles que l’on doit aux artistes de l’École de Fontainebleau.

Prochain arrêt, le château de Tanlay

Dû à l’architecte Pierre le Muet lors d’une seconde campagne de construction et décrit comme un exemple de l’atticisme, expression qui désigne une finesse de goût particulière aux Athéniens et, par extension, tout classicisme à travers l’histoire, surtout dans les domaines artistiques, demeure de l’Amiral de Coligny pendant les guerres de religion, le château de Tanlay est célèbre pour sa galerie en trompe-l’œil dans les tons ocrés, ses fresques au plafond de la tour de la Ligue, car c’est là que se réunissaient les chefs de la ligue protestante et surtout pour avoir été un des décors des films d’« Angélique, Marquise des Anges ».  « Comme la saga est rediffusée chaque été, on nous parle beaucoup d’Angélique  », nous avoue la propriétaire des lieux. De profondes douves où se reflètent quatre tours rondes, une entrée majestueuse gardée par deux obélisques, c’est bien le château Renaissance qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la demeure de Joffrey de Peyrac, l’époux balafré d’Angélique.

Le mystérieux pentagone

Et pour finir cette escapade, le château de Maulnes, attribué à Philibert Delorme. Ce château-tour a pour particularité d’être de forme pentagonale, cinq côtés, élevé sur une source, situé en haut d’une colline, entouré de forêts pour la chasse. C’est une visite qui se mérite car le chemin ou l’escalier pour y parvenir exigent d’être bien en jambes. Il est à lui tout seul une invitation à la contemplation, on dirait aujourd’hui à la méditation. Oublié pendant des siècles, abandonné par ses propriétaires et heureusement sauvé et restauré par le département de l’Yonne, cette demeure princière, œuvre d’Antoine de Crussol, Duc d’Uzès et de Louise de Clermont, Comtesse de Tonnerre, illustre bien la passion de ces amoureux de la culture humaniste qui privilégiait les arts sous toutes leurs formes, littérature ou architecture.

Et pour terminer ce périple

Avant de rentrer, je vous propose un arrêt dans la ville de Tonnerre pour visiter l’un des plus anciens Hôtels-Dieu d’Europe qui accueillait malades et indigents grâce à la générosité de Marguerite de Bourgogne. Reçus gratuitement depuis 1293 pour recevoir les soins du corps et de l’âme avec des messes qui étaiten célébrées chaque jour et qui pouvaient être suivies depuis les lits des malades. Enfin, dernière curiosité, la fosse Dionne, alimentée par les infiltrations des pluies, remarquable par son débit, en moyenne 300 litres par seconde, et la taille de son réseau qui s’étend jusqu’à plus de 40 km. Sa présence serait à l’origine de la création de la ville de Tonnerre.

Une escapade pour le moins originale, en dehors des sentiers battus !

Vicky Sommet

LIRE
« Le château de Tanlay : une beauté parfaite » de Claude Mignot aux éditions de l’Esplanade.
« Les plus excellents bâtiments de France » de Jacques 1er Androuet du Cerceau aux éditions des Riches Heures.

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