Depuis toujours, les femmes artistes ont peiné à s’imposer dans un monde dominé par les hommes. Ce sont quelques femmes avant-gardistes et combatives qui, après avoir été élèves ou modèles des peintres impressionnistes, se sont autorisées à peindre avant d’être reconnues pour leur talent et leur originalité.
Une restriction masculine
Les femmes étaient empêchées, même dans le milieu des Impressionnistes pourtant jugés modernes et en avance sur leur temps. Certaines participaient aux réunions des fondateurs de ce mouvement et ont osé proposer leurs travaux à leurs homologues masculins. Qui ont poussé des cris d’orfraie en considérant qu’elles ne pouvaient mettre en scène des tableaux où les formes humaines nourrissaient la toile. Et les voilà obligées de se cantonner à des sujets plus délicats comme la peinture du quotidien, la vie à la campagne ou dans l’appartement parisien, les réunions de famille ou les pique-niques au bord de l’eau. Aux côtés de Monet, Renoir, Degas ou Pissarro, Berthe Morisot, l’une des fondatrices, présenta un tableau au Salon de Paris considérée comme un sujet « trivial » avec des femmes marchant dans des parcs lors de promenades dominicales. Le thème est banal, mais le traitement est révolutionnaire avec le soleil faiblissant de l’après-midi, la verdure des jardins transformée par des traits légers, mais visibles, et les silhouettes qui se fondent dans le paysage, comme si les femmes étaient imprégnées par l’environnement.
Quand impressionniste se conjugue aussi au féminin
À commencer par une Américaine qui passera la majeure partie de sa carrière en France, Mary Cassatt, influencée par l’art japonais, les maîtres anciens et la vie domestique, qui réalisera des portraits de femmes. Et Marie Bracquemond, issue d’une famille ouvrière, sans formation artistique et donc entièrement autodidacte. Ingres la fit connaître sans approuver sa propension à peindre autre chose que des fleurs ou des fruits. Et ce seront ses grands formats de femmes en plein air qui, grâce à sa palette de couleurs vibrantes, célèbrera le genre féminin.
Liberté acquise, liberté chérie
Viendront Eva Gonzales qui répondra au portrait que Manet fit d’elle, non pas avec un portrait de Manet, mais avec une série d’autoportraits pour réécrire son identité et réaffirmer son statut de peintre impressionniste féminin. Ou Louise-Catherine Breslau qui, souffrant d’asthme, dessinait lorsqu’elle était bloquée enfant dans son lit. Ce talent affiné, elle deviendra l’une des rares femmes à être admise à l’Académie Julian à Paris et la seule à faire ses débuts au Salon de Paris avec son auto-portrait. À l’étranger, la Serbe Nadežda Petrović qui ouvrit son atelier d’enseignement à Belgrade, ou la Danoise Anna Ancher, spécialiste des scènes d’intérieur et l’Américaine Lilla Cabot Perry, influencée par le Japon, qui peindra des tissus floraux et la vie orientale. Enfin, l’Anglaise Laura Muntz Lyall, célèbre au Canada ou l’Américaine Cecilia Beaux honorée pour son art aux États-Unis.
À nous de les remettre dans la lumière à chaque fois qu’une exposition leur est consacrée !
Vicky Sommet
Photo de couverture : Par Marie Bracquemond — Source: iytyi: Zollmann22:17, 22. Jan 2006 Zollgjkghjkgmann 1016 x 767 (409.986 Byte), Domaine public, wikimedia.org