Elisenda de Montcada, reine consort de la Couronne d’Aragon, dernière épouse du roi Jaime II d’Aragon dit le Juste, grande figure de l’histoire catalane, fonde ce magnifique monastère en 1326. Véritable havre de tranquillité sur les hauteurs de Barcelone, son histoire s’écrit au féminin.
Une reine pieuse et cultivée
Possédant de nombreuses propriétés en Catalogne, la reine affectionne cependant Barcelone et vit dans le palais de Barcelone, en plein Barrio Gótico. Très cultivée, très pieuse, elle obtient l’accord du roi pour ouvrir un monastère de clarisses aux abords de Barcelone, consacré à la Vierge. Si le premier site choisi se trouve à une vingtaine de kilomètres de Barcelone, c’est finalement Pedralbes (du catalan petras albas, pierres blanches, comme celles de la colline proche de Sant Pere Martir, dans le parc naturel de la Collserola qui domine Barcelone), qui est retenu. Accueillant une communauté de clarisses dès 1326, le monastère est consacré à l’arrivée de l’abbesse Soberana de Olzet, qui dirige le monastère jusqu’en 1336.
Une vie retirée à la mort du roi
À la mort du roi en 1327, Elisenda se retire de la vie publique dans le petit palais qu’elle fait construire proche du monastère (et qui disparaît à sa mort, selon son désir). Très impliquée dans la vie quotidienne de la communauté, la reine participe à l’aménagement du lieu, notamment aux côtés de sa cousine, Francesca Saportella, qui prend la suite de Soberana de Olzet jusqu’en 1364, suivie notamment par des abbesses catalanes, puis castillanes. À sa mort en 1364, la reine est enterrée dans l’église. Son tombeau, en particulier son gisant en marbre, soutenu par trois lions dorés, est un bel exemple d’art gothique catalan, tout en délicatesse et en sobriété. Sa particularité ? Le côté du gisant donnant sur l’église montre Elisenda en tenue de reine, couronnée, alors que le côté donnant sur le cloître la montre en pénitente.
Le monastère aujourd’hui
La « récupération de l’identité nationale catalane » à la fin du XIXe siècle permet la renaissance du monastère, avec l’intervention en 1877 de l’architecte barcelonais Joan Martorell, adepte du travail de Viollet-le-Duc. L’intervention de sœur Eulalia Anzizu, nièce de l’entrepreneur Eusebi Güell, grande figure intellectuelle, est cruciale, sa dot permettant de relancer la restauration. Déclaré monument historico-artistique en 1931, le monastère sert d’entrepôt pour œuvres d’art, puis d’archives historiques de Catalogne, jusqu’à l’exposition d’une sélection d’œuvres en 1946 dans la salle capitulaire. Ouvert en partie au public trois ans plus tard, la construction en 1975 d’un nouveau couvent va permettre la transformation des anciens bâtiments au musée, inauguré en 1983.
Continuant à faire partie de la vie de la cité condale grâce aux offices et concerts organisés dans son église, mais également comme espace culturel, le monastère est un acteur incontournable de la ville barcelonaise.
Nancy Besse
Monastère de Pedralbes, Barcelone
À visiter
-Proche de Las Ramblas, le palais moderniste de l’industriel Eusebi Güell, rouvert depuis 2011, et la Colonia Güell, un village construit à la fin du XIXe s, pour les ouvriers de l’usine Güell, à quelques 18 km de Barcelone.
-Le parc de l’Oreneta, d’où l’on domine la ville, et que l’on rejoint en suivant la volée de marches qui part de l’esplanade du monastère. Ouvert au public depuis 1978, ses 17 ha de biodiversité unique sont une véritable bouffée d’air pur. Un petit train suit un parcours très sympathique au cœur du parc, les dimanches et jours fériés, de 10 h 30 à 13 h 30.