Confinement, re-confinement, la culture est à l’arrêt sans vraiment de date de reprise en vue… Si le moral de beaucoup dans le secteur est en berne, ici et là pointent déjà de belles initiatives dont les expositions virtuelles qui explosent ! Les membres de l’équipe vous parlent de celles qui les ont fait vibrer.
♦ J’irai revoir ma Normandie…
par Marie-Blanche Camps
David Hockney, artiste vivant le plus cher du monde, a choisi de s’installer l’année dernière en pays d’Auge, aux portes du petit village de Beuvron, non loin de Caen. Confiné dès le mois de mars, il y a peint sous tous les angles La Grande Cour, sa maison à colombages du XVIIè siècle plantée au milieu d’un bocage et surtout l’arrivée du printemps dans son jardin. L’exposition Ma Normandie rassemble à Paris 11 peintures du célèbre peintre britannique. Les couleurs flamboyantes des arbres fruitiers en fleurs tranchent avec la grisaille actuelle. Un bain de couleurs et un bon bol d’air pur en plein Paris !
Visite virtuelle de l’exposition– Pour les Parisiens, l’exposition se visite jusqu’au 27 février 2021 (réservation conseillée), Galerie Lelong & Co., 13 rue de Téhéran, Paris 8è. Entrée gratuite.
♦ Frida Kahlo
par Christine Fleurot
Tentez une exploration immersive dans l’univers intime et pictural de Frida Kahlo. Un formidable travail pédagogique de Google Arts Culture permet de tout apprendre sur sa vie, ses opinions politiques, sur sa mentalité féministe, sur son rapport au corps, sur son œuvre et sur son héritage artistique. Experts et musées mondiaux ont collaboré à cette exposition virtuelle extrêmement vivante, esthétique et fluide dans sa lecture. Peinture de la douleur certes, mais aussi ode à la vie, la richesse des tableaux étranges de cette artiste mexicaine est captivante.
« L’art de Frida Kahlo est un ruban autour d’une bombe. » André Breton
Faces of Frida — Google Arts & Culture
♦ « Soleils noirs » : le noir est une couleur
par Anne-Marie Chust
L’exposition Soleils noirs au Louvre-Lens offre une rencontre inédite avec le noir représenté par des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art et aussi une immersion dans l’observation fascinante de cette tonalité au symbolisme pluriel dans les arts occidentaux, de l’antiquité à nos jours. Le musée propose une visite guidée virtuelle de l’exposition qui plonge d’emblée le visiteur dans une expérience du noir poétique et sensorielle. Omniprésent dans les phénomènes de la nature, le noir a nourri de tout temps les artistes, cherchant à retranscrire dans leurs œuvres cet éveil des sens, sans oublier l’inspiration apportée par le terril plat sur lequel repose le Louvre-Lens et le passé minier de la région auxquels l’exposition rend hommage dans les infinies nuances du charbon. Les grands thèmes du noir et ses représentations sont ainsi évoqués à travers onze épisodes présentés par Marie Lavandier, directrice du musée et co-commissaire de l’exposition, mais aussi sur YouTube dans une vidéo de 38 minutes plus complète.
Des codes sacrés aux codes sociaux du noir, vous ne voudrez pas manquer la partie « La mode du noir » et, entre autres, le portrait mélancolique de Berthe Morisot toute en noir chatoyant par Édouard Manet, dont on ne sait si elle porte le deuil pour son père récemment décédé ou pour son mariage imminent avec le frère de Manet, Eugène (mystérieuse Berthe !).
« Soleils noirs » au Louvre-Lens
♦ Matisse, maître des couleurs
par Florence James
Les recherches passionnées et l’oeuvre irradiante du maître des couleurs sont à l’honneur à Beaubourg. Né dans les brumes du Nord de la France, Matisse (1869-1954) a « fait danser » dans sa peinture la couleur. Comme Picasso qui admirait son œuvre, il a bouleversé l’expression picturale. Bien que méprisé au début de sa carrière, des collectionneurs comme les Stein et le russe Chtchoukine s’intéressent à son œuvre et lui passent des commandes. Il a aimé les voyages, la lumière, les couleurs et le dessin, sans oublier les sculptures et, à près de 80 ans, il entreprend son dernier chef-d’œuvre, le chantier de la chapelle dominicaine à Vence. Rompant avec les traditions enseignées par ses professeurs, en particulier le peintre Gustave Moreau aux Beaux-Arts, il aura toute sa vie utilisé la couleur comme l’expression du bonheur, voir en particulier un de ses premiers tableaux dont le titre est explicite, « Luxe, calme et volupté -1904 », peint auprès du peintre Paul Signac à Saint-Tropez.
Même s’il ne fait pas comme Picasso le voyage vers l’abstraction (voir ses Odalisques, ses intérieurs de chambres etc…), l’étendue de son œuvre est variée. Il intègre dans son talent des sculptures et après ses premières toiles datant de la fin du XIXe siècle, des scènes d’intérieurs peu éclairés et des natures mortes, très vite il utilisera des couleurs qui devenaient « des cartouches de dynamite » dans ses tableaux fauves peints au début du XXe siècle. Une vraie révolution dans le traitement de la couleur et des formes jusqu’aux fameux papiers découpés composés à la fin de sa vie.
« Matisse comme un roman » podcast d’1h48 sur le site du Centre Pompidou.