L’Herbaudière est perché tout au nord-ouest de l’Île de Noirmoutier. La route qui y mène est un cul de sac, plus loin c’est l’Amérique ! Ce port où locaux et estivants frayent a su garder son esprit brut, sans apprêt ni esbrouffe. Pourvu que cela dure !
Un port à deux visages
Il y a belle lurette que la sirène des confiseries (conserveries à l’huile et non au sel) ne résonne plus à 17 h et que les femmes qui y travaillaient ne se dispersent dans les dunes. Depuis 1965, la page sardinière s’est définitivement tournée laissant place à une pêche artisanale ou hauturière de sole, bar, daurade, lieu et de crustacés locaux (homard, araignée, crabe). Les équipages d’une flotte colorée baptisée Corto Maltese, Les Misérables ou Fleur de Lys animent dès l’aube désormais la criée. Depuis 1973, un port de plaisance y accueille bateaux de tout gabarit et – en août particulièrement- vieux gréements, telle la famille Pen Duick, requins et dragons, en prévision des Régates du Bois de la Chaise. Autre endroit, autre ambiance.
Les femmes tiennent la barre
La présence masculine est exigée en mer, sur les parcs à huîtres, derrière les fourneaux ou sur les chantiers navals. Le Tabac-Presse est donc tenu par Hélène qui vous réserve fidèlement votre Monde du week-end et vous délivre avec humour les dernières perles du jour entendues. Cécile, vareuse et bottes au pied, ouvre à sa guise sa micro poissonnerie. Édith et Corinne font vivre la supérette contre vents et marées. Aux côtés du restaurateur triplement étoilé Alexandre Couillon, la discrète Céline fait partie intégrante de la réussite de La Marine. La pharmacie, elle, s’appelle Maurice, mais c’est une équipe féminine qui vous accueille et conseille. Certaines enseignes baissent malheureusement leurs stores et certaines figures locales s’effacent : Nady la coiffeuse a pris sa retraite et rangé ses bigoudis, la bonne humeur de Jocelyne manque au Bon Coin.
Discrétion de rigueur
Ici, on ne s’affiche pas. Le tutoiement se mérite avec le temps. On respecte les lieux et les gens qui y travaillent, les rares « people » qui passent. Quand on revient de la pêche en tant que touriste, on a la décence de cacher son bar solitaire sous une serpillère mouillée. Le vélo, le solex ou autre pétrolette est préférable si vous vous voulez éviter le face à face avec un camping-car ou un transport de bateau pour avarie. Les grosses cylindrées n’ont guère d’effet au rond-point et n’engendreront même pas un haussement de sourcil de Marcel, ostréiculteur goguenard dans son camion. Les touristes en famille flânent joyeusement sur les quais, glace ou crêpe à la main, au son des cris de mouettes et des claquements de drisses. La belle jeunesse attendra l’heure de l’apéro pour se retrouver au Comptoir siffler un mojito.
L’Herbaudière est un lieu discret où Agnès Varda, amoureuse de cette île vendéenne, aimait venir glaner des cartes postales anciennes lors de brocantes : un village modeste mais fier de son identité marine peuplé de vrais et beaux visages.
Christine Fleurot
MES ADRESSES
♦ À voir
– Exposition – Vente : NO Art (peintures et photos sur Noirmoutier) au profit de la Société Nationale du Sauvetage en Mer du 21 au 24 juillet 2023 dans l’ancien abri du canot de sauvetage au bout de la jetée du port.
– Fête de la mer : 15 août 2023.
– L’émouvant cimetière marin près de l’église du Sacré-Cœur.
♦ Restaurants : La Marine*** – La Table d’Élise – Le Jusant.
♦ Bar : Le Comptoir.
♦ Rôtisserie-Dégustation Huîtres-Pizzéria-Glacier – Marché estival du lundi.
♦ Shopping : Le petit Couillon (Épicerie fine) – Le comptoir de la mer – D’un bout à l’autre (Déco-Mode).