Pas forcément cultes ou incontournables dans l’Histoire du cinéma, l’équipe de Mid&plus vous invite à une séance spéciale des films qui ont su les émouvoir en leur temps…
♦ « The servant » de Joseph Losey (1963)
par Vicky Sommet
J’ai un souvenir marqué de ce film « The servant » qui s’attardait sur la lutte des classes dans un milieu aisé entre maître et domestique. À Londres, un jeune aristocrate vit dans une belle maison de ville avec pour serviteur Hugo joué par Dirk Bogarde. Valet modèle au premier abord, intelligent et complice de son patron, jusqu’à ce que les femmes apparaissent dans ce cercle fermé. De Susan, la fiancée du maître, à Véra, la soi-disant sœur du valet, les jalousies naissent et un climat malsain s’installe jusqu’à ce que les rôles s’inversent et que le maître se retrouve l’esclave de son serviteur. Un jeu de dupe dans lequel le comédien au profil inquiétant excelle, ajouté à une ambiance délétère qui ne laisse pas le spectateur indifférent. Sorti en 1963, je me souviens encore aujourd’hui de l’angoisse ressentie à la fin de la projection.
♦ « Thelma et Louise » de Ridley Scott (1991)
par Marie-Hélène Cossé
L’histoire de ces deux femmes parties pour un simple week-end au féminin se transformant malgré elles en cavale au milieu de paysages grandioses du grand Ouest américain a été pour moi un tournant dans la vision de l’amitié féminine et de la réponse à la violence masculine affichée ici sans fard ni complaisance. J’ai longtemps hésité à savoir, sans jamais pouvoir vraiment trancher, si je préférais le personnage de Louise, une Susan Sarandon mature et forte, à celui plus craintif de Thelma, incarnée par Geena Davis, femme au foyer naïve et inconsciente de l’effet qu’elle produit sur les hommes. Le film s’appuie justement sur la différence de personnalité des deux femmes et leur évolution tout au long du film au gré de leurs rencontres dans une société toute entière tournée vers le masculin. Deux femmes magnifiques en route vers leur liberté !
« Je voulais écrire quelque chose qui n’avait jamais été porté au cinéma auparavant. En tant que cinéphile, j’ai été nourrie du rôle passif des femmes. Elles ne conduisaient jamais l’histoire parce qu’elles ne conduisaient jamais la voiture. » Callie Khouri lors de la remise de son Oscar du meilleur scénario original
♦ « Love Actually » de Richard Curtis (2003)
par Marie-Blanche Camps
Je découvre ce film en 2006 en visionnant la cassette vidéo offerte par ma fille aînée à Noël. Le choc ! Depuis, je le vois systématiquement chaque année et relis différemment les histoires d’amour des personnages. Tourné dans les quartiers de Londres où j’ai vécu et travaillé, ce film choral me remplit à chaque fois d’émotions fortes. Tout commence par la voix off de Hugh Grant, mon acteur fétiche : « Love Actually… is all around ». L’amour est en effet partout, entre le Premier ministre célibataire et son assistante, entre deux jeunes tourtereaux, même si le témoin du mariage en pince pour la nouvelle épouse de son meilleur ami, entre un écrivain trompé par sa femme et son employée de maison qui ne parle pas anglais, entre deux collégiens à l’aube de tous les possibles et même entre deux acteurs de films X. L’amour est aussi difficile entre deux collègues, quand un frère handicapé prend trop de place ou pour un couple installé quand une sémillante secrétaire fait du rentre-dedans à son patron… La bande-son du film reprend les standards pop des années 80-90 : un régal !
♦ « Julia » de Fred Zinnemann (1977)
par Christine Fleurot
Julia n’est certainement pas le meilleur film de Fred Zinnemann (Tant qu’il y aura des hommes) mais cette année-là, celle de mes 20 ans, entre la Fièvre du samedi soir et La Guerre des étoiles l’affiche aux visages déjà inspirants de Jane Fonda et Vanessa Redgrave valait bien un changement de file. Inspirée de faits réels, cette comédie dramatique jouant sur des flash-back, raconte l’amitié indéfectible de deux femmes américaines, juives, intellectuelles, engagées et féministes sur fond de montée du nazisme. Lillian Hellman, écrivaine, alors compagne de Dashiell Hammett, pape du roman noir, se souvient de son amie Julia partie faire ses études de psychanalyse à Vienne disparue en 1933 après de violents affrontements entre étudiants résistants et jeunesse nazie. Elle fera plusieurs voyages en Europe pour retrouver sa trace. Une émouvante histoire dans la grande Histoire, de l’innocence de l’adolescence à l’engagement dans la résistance, ce film est une ode à l’amitié au féminin… Ma meilleure amie ne se souvient pas de l’avoir vu en ma compagnie !
♦ « India Song » de Marguerite Duras (1975)
par Michèle Robach
Ce film culte échappe aux étiquettes. Adapté d’une pièce de théâtre (1973), elle-même inspirée de son roman Le Vice-consul (1966), le film est en « voix off ». Il y a un film, des voix, celle de Michael Lonsdale, le vice-consul et de Delphine Seyrig, Anne Marie Stretter, la femme de l’ambassadeur et, surtout, la musique qui est un langage à part entière. Elle accompagne le bal où les personnages se rencontrent, elle est sifflée par le vice-consul, elle est jouée au piano. Elle prend la place des mots. C’est une tonalité mélancolique, un appel à l’amour, une résurgence du passé. Le vice-consul l’affirme « J’écoute India Song. Je suis venu aux Indes à cause d’India Song, cet air me donne envie d’aimer ». C’est un film sur le voyage, le sentiment amoureux, la nostalgie, la douleur aussi (l’amour du vice-consul pour Anne Marie Stretter est impossible et le consume, Anne Marie Stretter est mélancolique). Le film se résume par des mots, des sensations : l’ouïe, le cri, la musique, la chaleur de Calcutta, l’odeur. C’est un film sensoriel, poétique, qui n’est que musique.
♦ « Forrest Gump » de Robert Zemeckis (1994)
par Brigitte Leprince
« La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. », c’est la phrase mythique du film. Pour moi un chef d’œuvre du cinéma pour plusieurs raisons, la première étant probablement l’incroyable interprétation de Tom Hanks, la seconde l’originalité de l’histoire et enfin les émotions suscitées par le destin de ce héros. C’est l’histoire d’un jeune garçon au handicap moteur et à une tendance autistique qui parvient à nous toucher par sa sincérité, sa simplicité, son authenticité et qui va transformer sa vie grâce à une grande grande détermination. À voir et revoir sans modération !