Marie Amiguet, la réalisatrice au diapason de la nature

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Celle qui a longtemps eu du mal à se définir comme la réalisatrice lumineuse qu’elle est fait corps avec ses sujets, des mal-aimées comme les chauve-souris, dans « Les ailes du maquis »¹ à l’emblématique et fascinante « Panthère des neiges »², film qu’elle co-signe aujourd’hui avec Vincent Munier.

Une passion d’enfant

Réalisatrice animalière, Marie Amiguet a grandi en grimpant dans les arbres, passant le plus clair de son temps dans le poulailler du jardin de ses parents, à apprendre des tours à ses poules. Lorsqu’enfant, sa famille part au Cambodge, puis au Sénégal, elle s’émerveille autant qu’elle s’émeut des animaux qu’elle y découvre. « J’avais le cœur en vrac de voir ainsi confinés au bagne ces géants de 3 mètres, capables d’une infinie délicatesse dans leurs gestes. » dit-elle, quand elle donnait à manger aux éléphants, condamnés à promener des touristes toute la journée.

Raconter les animaux en mouvement

Très tôt, à 10 ans, ses parents lui offrent un appareil photo car elle veut transmettre déjà la magie de ce qu’elle voit, en images et aussi sur ses carnets de notes. Après un bac S et la passion des animaux toujours chevillée au corps, elle choisit la fac de biologie, sans vouloir terminer sa vie dans un laboratoire. Elle cherche alors une formation qui permette de faire des reportages sur les animaux. L’IFFCAM apparaît et le master qu’elle va y suivre va changer sa vie. « L’affût c’est magique, mes premiers étaient pour une loutre – les jumelles, sans l’encombrement de la caméra et sans le casse-tête de la technique au moment où l’animal apparaît enfin. » Elle passe du plan fixe de l’image au mouvement. « Terminés les problèmes de déclencher au bon moment, avec la caméra, je suis l’animal et le mouvement. »

Se fondre avec la nature

Filmer est sa passion et elle sait être au diapason. « L’imprévisible m’anime ! » D’une abnégation absolue, aussi discrète que la panthère des neiges, Marie Amiguet aime plus que tout se « transporter dans la tête de l’autre, y chercher l’étincelle ». Et elle l’avoue en souriant, c’est plus simple avec l’humain qu’avec l’animal ! « Mes animaux, c’étaient Vincent & Sylvain » qu’elle a filmés au Tibet, avec une caméra de poing, légère. Elle fait sienne leur quête du graal, même si pour elle « Ma panthère des neiges, c’est Sylvain ! ».

« Faire avec son cœur et avec passion ! »©La Panthère des neiges

« La poésie, l’émerveillement, c’est le génie du sauvage » qui transpire du travail de Marie Amiguet et transporte petits et grands. Grâce au regard de Marie Amiguet et aux images de Vincent Munier relatant le voyage qui a été à l’origine du livre de Sylvain Tesson, la panthère des neiges qui nous invite à un retour à la temporalité du vivant, pour remettre notre esprit au rythme de la beauté, de la fragilité et de la poésie de la nature.

Anne-Claire Gagnon

¹« Les ailes du maquis », film de Marie Amiguet et Tanguy Stoeckle (2017).
²« La Panthère des neiges
», documentaire de Marie Amiguet, Vincent Munier à partir du livre de Sylvain Tesson (Prix Renaudot 2019). Sortie en salle mercredi 15 décembre.

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