Bachi-Bouzouk !!! C’est ce que j’ai dit lorsque j’ai reçu une invitation pour me rendre à Sofia, capitale de la Bulgarie. Cette insulte du Capitaine Haddock exprimait bien mon sentiment car le souvenir que j’avais de cette ville d’1,3 million d’habitants, se limitait, à l’époque communiste, à de larges avenues désertes, seulement empruntées par de longues limousines noires, propriété des Apparatchik du pouvoir.
Aujourd’hui, je ne risquais plus d’être confrontée à des Bachi-Bouzouk, ces cavaliers mercenaires redoutables de l’armée turque, enrôlés pour réprimer les soulèvements du peuple bulgare au 19e ni de croiser à nouveau ces hommes aux longs manteaux et aux chapeaux de feutre sombre marchant têtes baissées le long des rues. Et je suis donc partie.
Vivante, jeune et dynamique. C’est ainsi qu’elle m’est apparue dès mon arrivée. Des immeubles restaurés aux façades colorées, des parcs et des jardins ornés de sculptures modernes, des artères piétonnes et une population grouillante, chaleureuse et souriante, même si elle ne saisit pas un mot de ce que vous dites et qu’il vous faut quelques minutes pour comprendre que les hochements de tête sont à l’inverse des vôtres et que le signe de la tête oui pour nous, veut dire non pour eux et le non signifie oui. Une fois, ce handicap surmonté, je suis allée rendre hommage à Sofia, la Sainte qui a donné son nom à la ville et qui, du haut de ses 16 mètres – une ancienne statue de Staline déboulonnée lui ayant laissé son socle – vous accueille, toute de noir vêtue et le visage couvert de feuilles d’or.
« La Porte de l’Orient ». Sofia mérite bien cette appellation car tout ici est un mélange d’histoires romaines, grecques, ottomanes, byzantines et turques et au final a donné à la Bulgarie son identité. Alors, s’il vous vient à l’idée, pour un week-end, d’aller faire un tour du côté de chez Sofia, voici mes préconisations avec trois arrêts incontournables :
– le plus ancien monument de la ville, la Rotonde Saint-Georges, vestige d’une petite église du 4e siècle, enserrée entre d’imposants bâtiments de l’administration communiste et l’Hôtel Sheraton,
– la plus grande église des Balkans, la Cathédrale Alexandre-Nevski avec sa coupole en or (8 kilos pour la recouvrir)
– sa crypte qui rassemble une exceptionnelle collection d’icônes parmi les plus belles du monde.
Mention spéciale. Enfin, au pied de la montagne Vitocha, se trouve l’un des neuf sites de Bulgarie classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, la petite Basilique de Boyana, installée dans un village des alentours. Rien de remarquable en apparence si ce n’est, à l’intérieur, de très belles fresques en excellent état qui couvrent les murs et les plafonds. Datant du XIe, complétées par des ajouts au XIIIe siècle, avec les visages des donateurs et celui du seigneur local qui s’est fait « tirer le portrait » avec son épouse. Des couleurs vives sur fond bleu marine, des auréoles dorées et trois couches de peinture différentes pour les 240 portraits de Saints qui racontent des … histoires de Saints. Une pure merveille !!! Et, avant de repartir, Sofia m’a offert sa devise : « Grandis, mais ne vieillis pas », un joli programme.
Vicky Sommet
– À rapporter : le « bacillicus bulgaricus », le fameux yaourt bulgare produit sur place qui possède un goût très particulier, souvent contenu dans des pots de 400g. Et de l’essence de roses, des savons ou des bougies parfumées à la rose car 80% de la production mondiale d’essences de roses provient de ce pays. Et votre valise au retour sentira tellement bon qu’il ne vous sera pas possible d’oublier votre escapade à Sofia.
– Un hôtel : Le Sense Sofia Hôtel, très moderne et très design avec de grandes chambres, et un bar-restaurant situé au 8e étage avec des baies vitrées à 360°, offrant une très belle vue sur toute la ville et en particulier sur la Cathédrale dont les cloches sonnent sur un ton très grave telle la voix d’un baryton.
– Un restaurant : Manarstirska Magernitsa, 67 rue Han Asparuth. Des petites salles décorées d’objets bulgares anciens, une terrasse fleurie avec une jolie fontaine pour déguster des recettes de monastère. Si le service est un peu long et pour cause, c’est la lecture de la carte qui prend le plus de temps car chaque région propose des plats différents.