Né dans les années 1990, le Théâtre National de Bretagne, fleuron incontournable de la ville de Rennes, est devenu au fil des années un des plus gros théâtres publics existant en dehors de la région parisienne. Découvrons ici une entité pas comme les autres à la programmation à la fois équilibrée et subtile.
La naissance d’un théâtre
Au lendemain de la seconde guerre mondiale sont créés les Centres Dramatiques Nationaux, piliers de la politique culturelle défendant l’idée que l’art, la culture et le théâtre doivent répondre à une mission de service public¹. Certains sont plus connus que d’autres tels que Les Amandiers à Nanterre. En 1949, naît le Centre Dramatique de l’Ouest, devenu la Comédie de l’Ouest en 1957. La Maison de la Culture de Rennes, nouvel équipement culturel, est fondée en 1968, fonctionnant grâce à une direction commune avec le CDN jusqu’en 1974. Georges Goubert et Guy Parigot sont aux commandes. Après une période d’indépendance puis de dynamique commune, les deux entités disparaissent en 1994 pour laisser la place au Théâtre National de Bretagne, structure unique regroupant l’ensemble des activités. Puis, en 2002, le TNB devient Centre Européen de Production Théâtrale et Chorégraphique.
En 2016, Arthur Nauzyciel, comédien et metteur en scène, prend la direction du TNB et avec lui un nouveau projet qui est celui d’ouvrir la structure à tous les publics et de créer des liens avec d’autres institutions. Ce sont 26 artistes associés de disciplines variées qui appuient l’ambitieuse programmation. Les valeurs de A. Nauzyciel sont « rencontrer, transmettre et partager ».
Un théâtre pas comme les autres
Le TNB accueille, ce qui est peu fréquent, un cinéma d’art et essai et une École Supérieure d’Art Dramatique Nationale gratuite². Les 26 artistes associés accompagnent le lieu dans toutes ses dimensions ; ils montent des projets, mais sont également chargés de donner des cours aux élèves. Une soixantaine de spectacles et un temps fort en novembre sont proposés à chaque saison et entre 80 000 et 100 000 spectateurs sont accueillis dans les différents lieux, auxquels il convient de ne pas oublier le même nombre de cinéphiles. Théâtre, danse, performance (mêlant la vidéo), musique actuelle ou encore jeune public constituent un spectre large et les spectacles se déplacent dans des lieux partenaires de Rennes et du département. Autour des spectacles, des temps de rencontres sont proposés et il existe même une formule de gardes d’enfants le vendredi pour libérer les parents !
Une programmation éclectique et subtile
La programmation est un équilibre subtil proposant de grands rendez-vous de théâtre de formats différents, des textes classiques ou encore des performances qui sortent du traditionnel. Une soixantaine de spectacles exige un spectre assez large et une diversité dans les formes. Une saison inclut les créations des artistes associés, ainsi que celles du directeur artistique. Ce lieu de production travaille également avec des coproducteurs, donc dans d’autres lieux, car l’objectif est que chaque création tourne et soit vue par le plus grand nombre de spectateurs ainsi que dans un grand nombre de lieux, y compris à l’étranger. Un spectacle nécessite 2 à 3 ans de travail en incluant la scénographie, les costumes… Enfin on peut souligner la porosité au dynamisme rennais tels que les liens avec le Festival Mythos, ainsi que la tenue exceptionnelle d’un concert des Transmusicales.
On peut parler d’échanges, de collaboration avec Prague, la Corée, l’Italie… et une des surprises de cette année est le Tartuffe de Molière en italien (Il Tartufo).
Si l’essence du lieu est le théâtre, le TNB propose un plateau infiniment varié dans ses formats et dans ses formes et constitue un lieu unique à Rennes pour le bonheur de ses spectateurs, y compris le jeune public qui a savouré en cette fin d’année le célèbre Hansel et Gretel. Lou Doillon ainsi que Chiara Mastroianni font partie de la programmation 2023/2024.
Brigitte Leprince
TNB, 1 rue Saint Hélier, 35000 Rennes
¹On en dénombre 38 aujourd’hui en France.
²Chaque promotion est de 20 élèves entrés sur concours qui bénéficient d’une formation pendant trois ans à leur futur métier. Cette école a été habilitée en 2009 à délivrer le Diplôme National Supérieur Professionnel de Comédien (DNSPC).