Fille du poète anglais Lord Byron, Ada Lovelace hérita des dons de sa mère, fervente adepte des mathématiques. Encouragée à suivre des études scientifiques, choix rare pour des jeunes filles au 19ème siècle, peut-être pour l’éloigner de son père et de ses frasques littéraires, elle deviendra une pionnière de l’informatique.
Une enfance studieuse
Élevée par sa mère, elle suivit une formation poussée en math et sciences, domaines réservés exclusivement aux hommes parce que l’époque pensait que les femmes ne pouvaient bénéficier d’une énergie mentale et physique adaptée à la recherche scientifique. Elle fut incommodée tout au long de sa courte vie par des soucis de santé, nausées, douleurs abdominales ou palpitations, qui relevaient plus d’une santé précaire que de l’impact des mathématiques sur son organisme. Présentée à Charles Babbage, professeur à Cambridge et père de l’ordinateur moderne, elle put grâce à lui se familiariser d’abord avec la machine à différences (première calculatrice) avant de comprendre le fonctionnement de la machine analytique (avec des cartes perforées), ancêtre de l’ordinateur moderne.
Concilier passion et vie familiale
Ada épousera le premier Comte de Lovelace et le couple aura trois enfants, des naissances qui fragiliseront encore plus sa santé. Mais en 1839, elle décide de retourner à sa passion. Parlant parfaitement le français, elle traduira des articles scientifiques, puis Babbage, impressionné par son travail, lui demanda de rajouter ses propres notes, mais ce fut Ada qui choisit les aspects essentiels à traiter. Estimant le travail d’Ada supérieur à l’analyse de départ, il considéra cette traduction comme étant le document original. Elle y faisait la description détaillée de la programmation, publia le premier algorithme pouvant être exécuté par une machine et créa un programme permettant de calculer par récurrence les nombres de Bernouilli, une suite de nombres complexes.
« Je crois que je possède une singulière combinaison de qualités, qui semble précisément ajustées pour me prédisposer à devenir une exploratrice des réalités cachées de la nature. »
Pionnière du numérique avant l’heure
Ada savait que la machine analytique serait bien plus que l’exécution des opérations programmées par l’homme et qu’elle orienterait l’évolution de la science. En route pour la gloire et la reconnaissance de ses pairs, tout s’arrêta lorsque le gouvernement britannique cessa de verser des subventions. Pour aider Babbage à poursuivre ses travaux, Ada se mit à jouer en misant sur ses compétences en calcul des probabilités, principalement pour les courses de chevaux. Mais elle perdit beaucoup d’argent et s’endetta jusqu’en 1851 où ruinée, elle ne put voir de son vivant, pas plus que Babbage, la machine analytique en fonction.
Ada mourut en 1852, à l’âge de 36 ans, d’un cancer de l’utérus. Elle laissa à son mari des dettes considérables et fut enterrée, selon son désir, près de son père qu’elle n’a jamais vu, mort à 36 ans également. Le souvenir d’Ada se poursuit encore aujourd’hui grâce au langage de programmation nommé ADA, conçu d’abord pour le département de la Défense des États-Unis et utilisé jusqu’à nos jours dans plusieurs technologies modernes et on peut voir son portrait sur les hologrammes d’authentification des produits Microsoft.
Vicky Sommet
La Journée Ada Lovelace
Lancée par la journaliste britannique Suw Charman-Anderson en 2009, elle est célébrée chaque année le deuxième mardi du mois d’octobre afin d’accroître la visibilité des femmes travaillant dans le domaine des « sciences, technologies, ingénierie et mathématiques » (STEM, en anglais).
Par ailleurs, l’Ada Lovelace Institute a été créé afin d’analyser les questions sociétales et éthiques soulevées par l’utilisation d’algorithmes et l’émergence d’intelligences artificielles. Il est hébergé à l’institut national britannique d’intelligence artificielle et de science des données créé en 2015 à Londres par un consortium d’universités.EN SAVOIR PLUS – LIRE –
Ada ou la beauté des nombres de Catherine Dufour aux éditions Fayard
Portaits de femmes libres – Elles ont osé être elles-mêmes de Sophie Blitman et Annette Marnat aux éditions Fleurus
Ada de Lovelace et la programmation informatique de Jean-Paul Soyer aux éditions du Sorbier