Certes, la modestie est une qualité partagée par beaucoup de Japonais mais certaines personnes aiment aussi l’idée de n’être pas satisfaites. C’est le cas d’Ako Enomoto qui déteste parler d’elle. Pourtant, malgré un climat économique morose au Japon, sa petite PME spécialisée dans le design, ne connaît pas la crise. Loin s’en faut. La société Design Art Industry (DEAI) est incontournable pour les professionnels français qui souhaitent découvrir le Japon, son design, ses produits de la maison, ainsi que pour les Japonais qui souhaitent faire connaître leurs créations en France.
À l’origine, de l’audace
Dans les années 70, peu de Japonais osent faire le pas d’aller étudier à l’étranger. Pourtant, Ako partira faire des études dans une école parisienne de design qui va lui permettre d’apprendre la langue et de trouver un emploi dans un bureau de style, analyser les tendances de la mode et surtout des textiles.
Le Japon et ses text-îles
« La mode on la devine », disait Coco Chanel. Dans le cas d’Ako, il faut chercher : sûrement pas dans les couleurs ou les formes de ses vêtements. Il faut observer de plus près pour reconnaître le charme discret des matières : veste en toile noire de coton résistant, toile de lin beige clair, délicate, transparente et aérée pour l’écharpe. C’est l’inspiration des grands couturiers japonais, maîtres des textures et des matières. Premiers à se faire connaître à Paris, Issey Miyake, Rei Kawakubo (Comme des garçons), Yohji Yamamoto ont révolutionné la mode à leur manière, sans faire des vêtements « japonisants » ni luxueux, mais plutôt très « casual » dans leur style, loin de la haute couture en jouant sur des matières inédites.
La gestion des connaissances
Être la représentante exclusive du salon Maison & Objet ou du concept store sophistiqué comme Merci situé Boulevard Beaumarchais lui donne accès à un extraordinaire levier pour la croissance des marques japonaises en France. Mais tout n’est pas exportable et même si la fièvre nippone s’est invitée dans les dressings, la décoration des appartements, les Français sont certes toujours curieux, mais aussi vigilants et volatiles. C’est une quête permanente de l’alliance stylistique harmonieuse entre nos deux pays, dont très peu de personnes ont la maîtrise.
La recherche permanente de l’innovation
Les entreprises qui réussissent le mieux sont les plus innovatrices. Sous l’impulsion d’Ako, DEAI s’est diversifiée dans la découverte du Japon sur demande ciblée d’entrepreneurs français du luxe. Quelques exemples récents : telle société spécialisée dans le voyage souhaite explorer le domaine du papier à lettres, des carnets de notes. Il s’agit de dénicher les adresses exclusives cachées. Telle autre, spécialisée dans l’édition cherche des idées d’espaces originaux pour présenter des livres. Certes, l’espace Tsutaya à Daikanyama offre un exemple unique au monde, mais d’après Ako il est déjà bien trop connu. En revanche, il existe, nichée à Ginza, une galerie qui présente un seul livre par semaine dans un cadre unique. Il faut la trouver. Pour cela, suivez la guide !
Michèle Robach
Mid&Japon