Arouna Lipschitz, la femme qui marche sa parole

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Philosophe de formation, autrice, enseignante spirituelle, réalisatrice, Arouna Lipschitz a plus d’une corde à son arc et un même credo, le développement relationnel, concept qu’elle a élaboré pour transformer notre manière de nous aimer et d’aimer l’autre.

Révélée par un regard venu d’ailleurs

Celle qui vient d’écrire une pépite, le premier ouvrage de développement relationnel, Aimer ça s’apprend, a compris très jeune combien notre « JE » singulier est enfoui sous les couches de « MOI » multiples. Comme Michel-Ange révélant son David, caché dans un bloc de marbre, nous avons toute notre vie pour travailler à libérer notre JE empêtré dans nos MOI. Pour Arouna Lipschitz, c’est à 9 ans, en découvrant que le regard d’un grand-oncle dans un portrait la VOYAIT comme de l’intérieur d’elle-même, peu importe où elle se trouvait dans la pièce (sauf sous le cadre !) qu’elle prit conscience de la singularité de ce JE en elle. Un JE que même ses parents ne semblaient pas voir. C’est là qu’elle a su que certains ne « voyaient » pas et regardaient sans « voir ».

« Savoir qui je suis ? Qui est ce JE ? Cela fait des années que je cherche et tous les jours qui passent, toutes les personnes que je rencontre y contribuent ! » me dit joyeusement Arouna Lipschitz quand je lui demande en arrivant comment elle se définit.

Philosophe, une passion devenue profession

Avec cette révélation dans son cœur d’enfant, la philosophie comme quête de sagesse devient rapidement une évidence, « la philosophie ne m’a jamais quittée », dit-elle, soulignant qu’elle s’attache à mettre en pratique ses conceptions philosophiques, loin de l’érudition et des débats de salon trop médiatiques à son goût. Elle fait son PhD (sa thèse de doctorat) avec Julia Kristeva. Roland Barthes et Tzvetan Todorov font partie du jury de sa soutenance pour laquelle elle reçoit félicitations et honneurs qui lui ouvrent les portes de professeure d’université. Mais là, un autre regard fait basculer son destin. Plutôt que la voie universitaire, elle choisit de rejoindre en Inde un maître indien parce que lui, comme son grand-oncle, voyait son JE à travers tous ses MOI. Il la prénomme Arouna. Avec lui, elle commence à percevoir en conscience la puissance énergétique de l’êtreté présente derrière notre moi existentiel.

L’accompagnement spirituel de ce maître indien a planté en elle la graine du chemin du Moi vers Soi, notre moi essentiel, chemin qu’elle n’a jamais arrêté depuis. En février 1982, sur les bords du Gange à Rishikesh, elle endosse la robe orange de Swami, de renonçant, et fait l’expérience d’états de conscience non-duelle.

Un ashram à Paris

Deux mois après, elle revient à Paris en robe orange. Un autre tournant, car elle répond à la demande de son maître indien d’ouvrir un ashram où affluent très rapidement de nombreuses personnes. Pas mal secouée par tous ces évènements, elle part seule pour une retraite de 15 jours chez Omraam Mikhaël Aïvanhov, un enseignant de la Science Initiatique qui lui déclare au premier rendez-vous : « Maintenant l’Inde c’est fini ! ». Avec lui, elle comprend que la spiritualité non dualiste propre à la tradition indienne doit s’interroger sur comment incarner sa spiritualité dans le monde.

Agir ce que l’on dit, marcher sa parole est devenue sa nouvelle quête !

Elle renonce alors à son renoncement, mettant sa robe orange au placard pour vivre un quotidien de femme ordinaire, tout en gardant les acquis de la sagesse hindoue. O.M. Aïvanhov a été pendant les 4 ans avant sa mort son instructeur, son initiateur à une voie spirituelle incarnée dans la relation, à partir de la prise de conscience de l’interdépendance absolue du vivant et de l’obligation de fraternité humaine qui en découle. Lors d’un voyage à Los Angeles où elle l’accompagne, alors qu’elle rêve de faire un film sur son chemin, il la met sur la route de l’écriture en lui disant, sans même savoir qu’un film est déjà en route : « C’est très cher de faire un film. Écrivez les livres d’abord » et désignant la colline d’Hollywood au loin il insiste : « Quand je pense que vous auriez pu réussir dans tout ça et que vous avez choisi le métier de guide spirituel ». Un métier qu’elle n’a jamais choisi, pas plus qu’écrire, dit-elle en riant, « mais c’est bien ce que je fais depuis et jusqu’à aujourd’hui et je me suis fait plaisir avec la création filmique dont je rêvais »¹.

« Il y a des regards qui voient votre Je au-delà de vos moi et d’autres comme le sien qui voient même votre route bien avant vous… C’est la signature des véritables maîtres spirituels » conclut-elle !

En paix avec elle-même

Aujourd’hui, Arouna se définit en souriant comme « une juive à robe orange incarnant une spiritualité christique ». Elle a en chemin suivi les étapes de développement relationnel qu’elle partage dans son livre, guérir les multiples blessures de ses MOI (grâce à la thérapie et au développement personnel), réparer et guérir ses blessures narcissiques d’adolescence pour résister au surdimensionnement de l’ego qui guette toujours, tout en cherchant à se libérer de la peur (notamment celle de l’Autre), de la souffrance et de la guerre. « Passer de l’humiliation à l’humilité, en étant solairement fièr.e de soi, rayonner sa fierté et transmettre », voilà aujourd’hui son objectif d’enseignante-chercheuse-philosophe spirituelle, avec son école La Voie de l’Amoureux² qu’elle a créée sur Internet bien avant que ce soit à la mode.

La voie d’une amoureuse de la vie

La dernière partie des 7 chemins du développement relationnel est la plus passionnante car universelle, pour faire enfin cesser la guerre des couples, la guerre des familles. « On ne peut espérer la paix en dehors de nous tant que Mars et Vénus ne sont pas réconciliés en nous » écrit-elle avec autant de justesse que d’humour. C’est parce qu’elle a mesuré combien « le développement relationnel est une voie de sagesse et de paix » qu’Arouna Lipschitz continue à l’enseigner. Elle n’est pas un gourou, elle accompagne spirituellement ses élèves en préservant leur autonomie psychique en leur fournissant matière à réfléchir pour trouver leur propre chemin sur la voie spirituelle qui s’offre à chacun.e de nous.

Alors si vous êtes décidé.e.s à mettre fin à vos guerres intérieures, nourrissez-vous du « cœurage » dont cet ouvrage est rempli. Lisez et partagez Aimer, ça s’apprend !³, un ouvrage passionnant et rayonnant !

Anne-Claire Gagnon

Aimer ça s'apprend¹La nostalgie de l’ailleurs
”La Voie de l’Amoureux
³Aimer, ça s’apprend ! d’Arouna Lipschitz (éd. Harper Collins, 2024)
Son site

 

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