Colette Roumanoff, Candide au pays d’Alzheimer

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Metteur en scène, directrice d’une troupe de théâtre depuis 25 ans, Colette Roumanoff est une femme-orchestre incroyable, tombée amoureuse quand elle préparait l’ENA d’un HEC atypique, un homme passionné de sagesse hindoue, Daniel Roumanoff, auteur entre autres de Candide au pays des Gourous. Ensemble, ils ont inventé un bien vivre avec Alzheimer.

Sagesse hindoue et sens pratique

C’est pour comprendre son époux qu’elle part avec lui en Inde en 1967, un pays où elle s’est sentie immédiatement chez elle. Ensemble, ils ont développé ce qui s’appelle aujourd’hui du commerce équitable, en important des tuniques et des foulards de soie sauvage de l’Inde. Le but était de pouvoir se rendre auprès de Svâmi Prajñânpad, que Daniel avait rencontré en 1959.

En 2005, les premières alertes des troubles de mémoire de son mari la confrontent à l’angoisse.  Après la confirmation du diagnostic d’Alzheimer, elle a bien cru que c’était le début de la fin. En fait, ce fut le commencement d’une nouvelle vie en faisant autrement,  sous l’aiguillon du maintenant ou jamais. Chaque jour des dix années passées au pays d’Alzheimer, elle a appris, en Candide bienveillante, à apprivoiser cette maladie.

« Je ne peux pas changer la maladie de Daniel mais je peux changer mon humeur. Oui, me détendre, respirer, m’ouvrir au bonheur d’être là, de vivre une nouvelle journée, une journée nouvelle et gaie en sa compagnie. Ce matin-là, au bord de mon lit, j’ai dit adieu pour toujours à la tristesse et je suis partie à la recherche de tout ce qui pouvait améliorer l’état de Daniel. »©Colette Roumanoff - Mid&Plus

La comparaison, c’est du poison !

« Le patient Alzheimer est voué au présent et à l’essentiel. » C’est le cadeau qu’il nous fait, avec souvent des fous rires partagés. Arrêtons de nous attrister sur les changements. C’est nous qui générons leur agressivité, en miroir de notre attitude affligée de leurs trous de mémoire et de la peur du lendemain. Or il y a toujours quelque chose à admirer chez eux, et de bons moments à vivre. 

Dans Le bonheur plus fort que l’oubli, Colette Roumanoff raconte avec humour et lucidité leur parcours, comment Alzheimer les a remariés un millier de fois; elle partage son apprentissage du bien vivre avec Alzheimer. Car oui, « Les patients Alzheimer ont beaucoup d’affection à donner. Ils nous offrent la chance de vivre dans le présent, jour après jour. » Elle poursuit dans son Blog Bien vivre avec Alzheimersur le site Alzheimer autrement et avec son activité artistique son combat pour dédramatiser auprès des soignants et des aidants une maladie qu’elle a su rendre humaine, La Confusionite.

N’oubliez pas la bonne humeur quand vous  allez voir un proche atteint d’Alzheimer, car tout se communique. Prenez le temps de lire avant Alzheimer, accompagner ceux qu’on aime (et les autres). Et ne manquez pas les deux représentations exceptionnelles de La Confusionite à Paris, les 28 & 29 mai, au Théâtre Fontaine.

Anne-Claire Gagnon

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