En tant qu’impresario, Diane du Saillant vieille sur des artistes avec toute l’attention bienveillante des nécessités et particularités du monde de la musique classique. Elle est l’acteur invisible qui réconcilie deux univers aussi opposés que sont l’art et la gestion.
Une vocation qui remonte à l’enfance
Encouragée par des parents mélomanes, Diane choisit d’apprendre le violon à 6 ans avec la discipline et la précision que suppose la maitrise de cet instrument réputé difficile. Elle l’explique : « le décalage d’un demi-ton et on entend crincrin ! ». La rencontre d’un professeur qui lui joue le chant des oiseaux et le loup dans la forêt et lui fait partager sa manière d’être au monde de la musique classique va l’entrainer dans cet univers qu’elle ne quittera plus. À 21 ans, lors d’un stage dans l’Agence Artistique Opéra et Concert, elle apprend le métier de manager et saisit au vol l’opportunité d’un premier emploi. C’est donc en travaillant pour des grands interprètes de l’époque comme Teresa Berganza, Marilyn Horne, Barbara Hendricks qu’elle apprend ce métier d’impresario qu’elle adore car « on y fait tout, sauf de monter sur scène ».
L’esprit d’entreprendre
Elle assiste le manager Jacques Thelen qui suit de très grands interprètes, comme la pianiste prodige Martha Argerich ou le célèbre violoniste Gidon Kremer. Lorsque ce dernier décide de créer sa propre entreprise, il fait germer une étincelle. Mais ce sont les contraintes qui lui sont imposées en tant que salariée dans l’agence où elle restera 15 ans et l’envie de s’affirmer en femme libre et responsable d’elle-même et de ses quatre enfants qui vont la décider. La sororité joue, Barbara Hendricks l’assure de son soutien. Une auto-entrepreneuse est née et l’Agence de Management Artistique Diane du Saillant¹ est créée en 2003 avec plusieurs artistes qui la suivent et une équipe de quelques spécialistes expérimentés qui s’étoffe au fil des ans, unis aux côtés des interprètes sur la route de leurs rêves communs.
Une professionnelle exigeante
Tous ses interprètes ne sont pas autant en demande par les organisateurs de concerts que les célébrités, premiers prix ou médaillés des prestigieux concours internationaux. Dans ce métier, le talent côtoie une concurrence féroce. Partenaire privilégiée du musicien, Diane vit les tensions de l’artiste qui, une fois sur scène, n’a plus le droit à l’erreur, à la fatigue. L’intensification de la concurrence entre musiciens professionnels les place en situation d’incertitude. Diane nous l’explique, c’est sa mission de défendre les intérêts de ses protégés auprès des organisateurs de spectacles, des maisons de disques qui leur donnent de la visibilité et, bien sûr, de gérer, voire participer à la construction de leur carrière. Cela la conduit à endosser de nouvelles logiques marchandes (stratégie de marketing, négociation des contrats, protection de l’image..) en marge de la prospection de l’offre et de la promotion des artistes. Mais Diane défend toujours bec et ongles ses interprètes dont la plupart sont devenus des amis et qu’elle n’abandonne jamais !
La musique, instrument de médiation et d’émancipation
À côté de cette activité d’impresario, Diane est devenue Présidente du Festival annuel de la Vézère qui, cette année, rend hommage à sa fondatrice, Isabelle de Lasteyrie du Saillant, sa mère, à laquelle elle succède. Elle participe également au développement d’une association, SING’IN, dont l’objectif est de mettre le chant choral au cœur du parcours éducatif en milieu scolaire et de le favoriser comme moyen d’émancipation pour les jeunes.
Pour Diane du Saillant, la musique est un vecteur d’échange, de lien avec le public, de solidarité, de paix. On aimerait croire, comme elle, à son universalisme, même si l’actualité récente avec la tourmente engendrée par la guerre en Ukraine montre que la musique lie mais peut aussi délier les hommes. Une ombre au tableau, mais à peine évoquée…
Michèle Robach