Clara Haskil, discrète pianiste de génie

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Un concours international de piano et une rue de Vevey en Suisse portent son nom : la pianiste roumaine Clara Haskil (1895-1960) a connu la gloire à la fin de sa vie, puis a été oubliée par l’Histoire. Elle revit grâce à l’exposition qui lui est consacrée à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (Suisse).

Le fonds d’archives consacré à Clara Haskil, conservé et exposé par la Bibliothèque, rassemble des photos privées, des lettres, des programmes de concerts, des affiches et fait découvrir au public la vie d’une femme hors-norme. Elle naît à Bucarest en 1895 et y passe sa toute petite enfance. Elle perd son père à 4 ans, apprend le piano auprès de sa mère. Enfant précoce, prodige, elle rentre au conservatoire de Bucarest à 6 ans, part vivre chez son oncle pour étudier le piano et le violon à Vienne, puis intègre le conservatoire de Paris à 9 ans. Pendant toute la durée de la première guerre mondiale, elle doit arrêter la musique, immobilisée dans un corset pour une scoliose déformante, dans une institution à Berck, dans le Nord.  Ne pas pouvoir jouer de musique est un véritable cauchemar pour elle. Sa mère meurt en 1917. Grâce à la princesse de Polignac qui devient sa mécène, elle démarre une carrière internationale dès 1921, avec des tournées en Suisse, aux États-Unis et au Canada. Acclamée par le public, Clara Haskil consacre toute sa vie à la musique.

« Dans ma vie, j’ai rencontré trois génies. L’un était Clara Haskil, l’autre le Professeur Einstein et le troisième était Sir Winston Churchill. » Charlie Chaplin

Juive, elle doit quitter Paris en 1941 pour Marseille. Elle est opérée par trépanation en 1942 pour une tumeur sur le nerf optique, puis se réfugie à Genève quelques jours avant l’occupation de la zone libre par les Allemands. Elle vit à Vevey et obtient la nationalité suisse en 1949. Son dernier concert sera donné en 1960 au théâtre des Champs Élysées à Paris. Elle meurt quelques jours plus tard, suite à une chute dans les escaliers de la gare de Bruxelles… Elle est enterrée au cimetière Montparnasse à Paris. Rebutée par l’idée de qualifier son art, de l’emprisonner dans des concepts, elle refuse toute sa vie de formuler son savoir, de le transmettre, de l’enseigner. Son intention profonde est de « laisser opérer la magie de la musique »

Clara Haskil fut une pianiste de génie, capable de subjuguer son auditoire. Aucun film d’archive ne permet malheureusement de voir au piano celle qui ne souhaitait exister que par le son de la musique. Ils restent les enregistrements et les disques, pour notre plus grand bonheur.

Marie-Blanche Camps

Exposition Clara Haskil à la BCU de Lausanne (lettres, photos, etc.) jusqu’au 7 mai 2022 (entrée libre).
Concours international de piano Clara Haskil

POUR EN SAVOIR PLUS :
Clara Haskil, Prélude et Fugue, pièce de Serge Kribus, publié par L’avant-scène théâtre
Clara Haskil, Prélude et Fugue, avec Laëtitia Casta, spectacle en tournée, notamment à La Ciotat, théâtre de la Chaudronnerie.

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