Deux vocations, le journalisme et le droit, ce qui montre dès le départ son appétit pour l’engagement. Avec un goût prononcé pour l’art de convaincre, pour émettre une opinion ou prendre la défense de la veuve et de l’orphelin. Ce sera donc le droit et la profession d’avocat pour Emma.
Le choix d’un métier
« Comme j’aime protéger, je me suis d’abord intéressée à l’enfance en commençant par le droit des enfants ». Emma travaille à la Maison des droits de l’enfant où elle apporte son expertise gratuite en tant qu’avocate, en parallèle de sa collaboration dans un cabinet juridique. Une suite logique dans une famille où les filles étaient libres de choisir leur destin. « Née en 1932 à Tunis, ma maman à 18 ans avait été envoyée par ses parents à Montpellier faire des études de pharmacie. Une attitude déjà moderne pour l’époque. » Emma à son tour décide de son avenir et, après hypokhâgne, choisit le droit, « tout simplement parce que j’aimais bien », et le droit des affaires parce que la spécialisation se fait au contact des dossiers.
« En plus de savoir convaincre, il faut construire une stratégie, expliquer ses démarches et taper le poing sur la table si nécessaire. »
Un monde essentiellement masculin
« À mes débuts, j’étais une jeune avocate dans des cabinets d’hommes mais on m’a fait confiance en me demandant de développer un réseau international d’avocats d’une trentaine de pays. Lors des déplacements, les épouses accompagnaient leurs maris et moi, seule femme, j’avais un mari avec les autres femmes. Les professionnels chinois sont presque tous des hommes et je me suis donc très vite habituée à travailler avec eux ». En Asie, on s’affirme par son professionnalisme, les Scandinaves, eux, vous respectent immédiatement, peu importe le sexe.
« Je me suis fait confiance et je me suis affirmée en comptant sur mes compétences tout en gardant ma féminité. »
Et la vie dans tout ça ?
Trois ou quatre vies dans une journée, comme toute femme active, un mari, quatre enfants et des hobbies. Une passion pour le tennis, où il faut engager la balle, et le théâtre¹ où on doit convaincre avec les textes. « Il faut apprendre à incarner les mots, les émotions, et accepter un lâcher-prise total que je ne peux me permettre dans ma vie quotidienne. Quand je quitte le cabinet² et que je me retrouve sur un plateau, je suis Emma comédienne ! » D’autres jours encore, Emma est Présidente d’une association, SupplémentdElles³, un réseau de femmes de formation supérieure, entrepreneures ou dirigeantes d’entreprise, pour asseoir la place des femmes et leur visibilité dans le monde économique. Avec des partages d’expérience et un regard sur l’évolution des carrières, tant du côté salarial que du côté égalité des chances.
« Dans la vie, je suis une épouse, une amante, une maman, une confidente, je manage mes équipes au bureau et à la maison avec mes qualités, mes défauts et mes limites aussi. Et je dis à mes enfants, assumez ce que vous faites, ce que vous dites, assumez ce que vous êtes. Moi, je revendique le droit à l’erreur et j’accepte de ne pas être au top dans tout ce que je fais. »
Vicky Sommet
¹« Mises à nu » à l’Apollo Théâtre le 6 février 2020 à 20h30 (€28). Réserver une place (placement libre). 18 rue du Fg du Temple, Paris 11e
²Associée gérante chez Thomas, Mayer & Associés.
³SupplémentdElles.