Fanny Peissik Riblier, rester debout

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Fanny n’y va pas par quatre chemins lorsqu’elle évoque le suicide de sa fille de 18 ans. Elle trouve facilement des mots pour le dire, même si, sans surprise l’émotion la submerge. Mais d’où vient cette capacité de résistance qui la fait se tenir droite, malgré ce tsunami de la vie ?

Une vie tournée vers les autres

Avant ce drame intervenu en novembre 2023, Fanny a eu une vie active très engagée dans l’enseignement, avec comme objectif qu’école et bonheur ne soient pas antinomiques. Elle décide, après cinq années dans un cabinet de conseil, de passer le concours des écoles, au grand étonnement de son entourage familial. Déjà forte pour sortir de sa zone de confort ! La voilà enseignante dans un établissement privé sous contrat. On lui fait confiance, elle expérimente des méthodes axées sur la recherche, l’autonomie des élèves, les initie au numérique, les emmène en voyage. Après 20 ans d’enseignement et entre-temps, la naissance de ses quatre enfants, elle se sent prête pour une nouvelle aventure et co-fonde en 2017 Hub School 21, établissement innovant multilingue pour les 6-15 ans qui accueille aussi des adultes dans le cadre de mécénats de compétence et des jeunes en service civique. Autant dire que Fanny est tombée dans la marmite de l’éducation.

« L’école idéale n’existe pas, c’est une recherche permanente : il faut oser, expérimenter, voyager. On souhaite mettre en place un mix entre le bien-vivre ensemble, la confiance en soi et l’apprentissage académique. »

Face au deuil, la parole, premier pas vers l’acceptation

Être en pleine possession de ses moyens est un apprentissage que Fanny s’est efforcée de transmettre lors de son parcours d’enseignante, de mère et d’entrepreneuse. Elle l’a fait avec enthousiasme, curiosité et altruisme. Et cette expérience est décisive pour surmonter ses épreuves, même si dans son cas, le suicide de sa fille est l’épreuve ultime. Elle a appris à sortir du cadre, avec ses méthodes innovantes d’éducation et d’attention aux autres et, après ce drame, le cadre aurait été de se refermer sur elle-même dans un rôle de victime. Ce serait sans compter sur l’énergie que cette femme de 52 ans a déployé dans le passé pour ouvrir les enfants au monde, les sortir des sentiers battus, les hisser au niveau de leur potentiel. Partager son épreuve par la parole donne accès à l’intimité des autres et ce rapprochement est source de réconfort. En mettant des mots sur son drame, Fanny va mobiliser ses ressources personnelles pour établir des liens salvateurs et atténuer sa douleur.

« C’est apaisant de parler, de mettre des mots sur l’indicible pour ne pas faire un tabou du suicide et s’appuyer sur son expérience, pour rencontrer l’autre dans un espace d’intimité partagée. »

Les autres, sources de résilience

Les rencontres avec des personnes engagées qui ont de l’énergie, des convictions, créent un environnement soutenant et solidaire. Elles lui apportent de la vitalité pour garder son optimisme. C’est aussi un cercle vertueux car il faut surmonter sa propre tristesse pour se mettre en situation de recevoir et d’écouter « ces leaders de changement » comme elle les appelle, ceux qui donnent leur temps et leurs compétences afin de favoriser de nouveaux échanges, de nouvelles collaborations. C’est une recherche d’étincelles de vie et la rencontre avec ces femmes et ces hommes « qui avancent » est le meilleur rempart au repli sur soi, car leurs engagements sont tournés vers la solidarité, l’entraide et l’attention aux autres. Ce sont tous des acteurs qui forment une mosaïque de bras qui se tendent, de solidarités qui se nouent.

« Ce sont des colibris qui font bouger les lignes, conscients des changements nécessaires autour de l’écologie humaine, pour mieux vivre dans notre monde actuel. »

Ces entretiens pourront faire l’objet de podcast, d’un livre ou de communications sur les réseaux sociaux où elle est très active. Tout reste à explorer. De plus, nourrie par ces témoignages, le partage de sa propre expérience et sa force de résilience, Fanny a décidé d’exercer une activité de coache, une manière de mettre sa compétence et son enthousiasme au service des autres. On aimerait que l’exemple de Fanny soit inspirant pour tous ceux et celles qui font face à une perte qui les renversent. Elle nous explique son secret : « Quand j’entrevois de la lumière, je pousse la porte, c’est une attitude qui a toujours guidé ma vie. »

Michèle Robach

Si vous souhaitez vous entretenir avec Fanny, son compte Instagram, son adresse email fpriblier@gmail.com

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