Consultations de gynécologie, d’obstétrique, de psychologie du traumatisme, de chirurgie réparatrice et aujourd’hui la Maison des Femmes de la Maternité Delafontaine de Saint-Denis : ce projet porté à bout de bras par le Docteur Ghada Hatem-Gantzer a enfin vu le jour pour écouter et aider des patientes originaires du monde entier.
Une vraie vocation. Chef de service d’une grande maternité avec plus de 4.000 naissances chaque année, cette gynécologue, entourée d’une équipe pluridisciplinaire, reçoit des femmes précarisées, victimes de violences et de mutilations sexuelles. Née au Liban dans un pays alors en guerre, elle part étudier en France, se sentant francophone et francophile. Très vite attirée par la gynécologie, elle se bat pour faire accepter l’avortement à l’hôpital, la préparation à l’accouchement, crée une unité de prise en charge de la stérilité jusqu’au moment où une nouvelle aventure s’offre à elle, prendre en charge la maternité de Saint-Denis où se côtoient des femmes en provenance de plus d’une centaine de pays.
Les femmes et leur corps. Dans cet hôpital, le Docteur Hatem-Gantzer s’aperçoit que les femmes excisées représentent de 14 à 16% des futures mamans. Pour celles qui viennent de Somalie, de Guinée, d’Égypte, du Liberia ou du Kenya, elle met sur pied avec des confrères spécialisés, un médecin pour la reconstruction, une psychologue, une sexologue, un service de chirurgie réparatrice car chaque femme est un cas différent et les préconisations s’adaptent au vécu de chacune, à sa culture et à ses traditions. Pour expliquer que l’excision peut être un danger pour la santé pour les accouchements, un frein à une sexualité épanouie, une cause de stérilité et de post-traumatismes dont il faut parler pour apprendre à les surmonter. Mais avant de prendre la décision d’une réparation, il faut laisser à la patiente le choix de sa décision pour qu’elle retrouve une satisfaction sur le plan identitaire, mais pas toujours sur le plan sexuel. Le poids des coutumes, le rapport au corps qui diffère selon le pays d’origine et, malgré les lois en vigueur, l’excision et l’infibulation n’ont pas encore complètement disparu.
Un projet devenu réalité. Cette Maison des Femmes est un bel endroit, un espace accueillant, un lieu où loin des services de consultation, les femmes peuvent venir se raconter, se reposer et échanger. Elles viennent spontanément parler d’elles quand elles ont été maltraitées, avec le nez cassé, perforé et parfois pour ne rien dire mais revenir plus tard quand elle se sentent prêtes à se confier. C’est aussi un lieu d’orientation et de prévention pour celles qui sont confrontées à des grossesses non désirées, à des violences conjugales, au mariage forcé et une unité de planning familial. Cette Maison ouverte en juin 2016 répond aux attentes des femmes et du personnel soignant, un souhait qui est devenu une réalité pour les médecins et les patientes.
Vicky Sommet