Guila Clara Kessous, artiviste de la diplomatie

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Ambassadrice UNESCO qui œuvre pour les droits des femmes et directrice de la journée internationale des droits des femmes à l’UNESCO, voici comment Guila Clara Kessous a souhaité utiliser ses compétences en technique théâtrale au service des victimes de syndromes post-traumatiques suite à des génocides ou des violences sexuelles. 

L’Art-thérapie

Guila Clara suit des cours à l’ESSEC pour apprendre la finance et savoir comment établir un budget pour monter des pièces. Un MBA en mains, elle lit une pièce de théâtre d’Elie Wiesel « Le procès de Shamgorod » qui relate le rôle de comédiens en 1649 dans un village où tous les Juifs ont été décimés et le rôle de Dieu mis en accusation. Une interview plus tard, la transmission par le langage théâtral lui paraissant très intéressante, Elie Wiesel accepte de devenir son Directeur de thèse. Contactée par Harvard, elle donnera des cours pour enseigner « Théâtre et droits humains ». Puis, avec Tal Ben Shahar, le « Professeur de bonheur », elle s’initie à la psychologie positive, avec William Ury, l’inventeur de la négociation raisonnée, elle apprendra la relation à l’autre, sans oublier Paul Ekman, pour l’intelligence émotionnelle et devenir enfin une vraie coach.

Le théâtre et ses mécanismes au service de tous

Devenue Directrice de la Journée internationale des droits des femmes et Directrice de la Journée mondiale de l’Art sous l’égide de l’OMS pour montrer que l’art peut guérir, Guila Clara poursuit ses envies de découvrir l’autre en observant, en écoutant, ce que l’époque ne favorise pas. Son rôle consiste maintenant à enseigner à de hauts dirigeants, non seulement comment prendre la parole face à un public, mais aussi de comprendre comment fonctionne leur image, en particulier aux femmes qui ne se connaissent pas. Comme elles sont peu nombreuses dans les gouvernements, elle leur propose de réfléchir en mettant en place une mission de diplomatie féministe et fait signer des accords en frappant à la porte des gouvernements du Bahreïn, des Émirats Arabes Unis, du Maroc ou d’Israël pour leur demander d’œuvrer ensemble et promouvoir le rôle des femmes dans la gouvernance du monde qui se doit d’être plus paritaire.

« Aujourd’hui, plus que jamais nous devons considérer qu’il nous faut écouter non pour répondre mais pour comprendre cette voix féminine issue de toutes ces voix et qui ne demande qu’à vivre, à aimer et à continuer d’aider le monde à prospérer. La reconnaissance de cette voix, nous ne l’obtiendrons qu’ensemble dans un combat côte à côte, Hommes et Femmes réunie pour enfin bâtir la société de demain. » Dr. Guila Clara Kessous

La valse à trois temps

♦ Il faut d’abord convaincre les hommes de se déclarer en faveur des droits des femmes, que ce soit dans le domaine privé ou public, avec un exemple. « Quand le Dr. Mukwege a fait part de son désir de devenir gynécologue, il s’est entendu dire qu’il devait avoir des problèmes de couple pour choisir ce métier ! ».
♦ Ensuite, ce sera à la femme d’oser pour sortir de sa zone de confort et comprendre les codes sociétaux pour qu’elle sache, si elle le souhaite, comment se positionner vis-à-vis des vrais enjeux au-delà de la maternité.
♦ Enfin, le troisième temps devrait être l’implication de l’état, pour donner ce coup de pouce à ce qui est la majorité de la population mondiale, au-delà des quotas.

Un exemple entendu lors d’échanges au niveau des gouvernements : « Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes aux tables de négociation ? Réponse de ces messieurs « Parce que les femmes négocient ! », sous-entendu parce que nous sommes là pour gagner et non pas pour négocier ! Un autre exemple, les femmes du Libéria ont œuvré ensemble, chrétiennes et musulmanes, pour faire stopper la guerre en affirmant ne plus vouloir faire partie de cette société. Ou bien celles d’Islande qui ont fait grève un jour en mobilisant tout le pays car elles exercent les métiers du « Care » qui font tenir toute la société.

« Il paraît que c‘est en 2082 qu’on pourra atteindre un début de parité salariale mais cela ne dépend que de nous pour que cette temporalité soit réduite. »

Madeleine Albright n’avait-elle pas dit qu’ « il y avait une place en enfer spécifique pour les femmes qui n’aident pas les autres femmes ? ».

Vicky Sommet

À consulter le site de l’Unesco « Femina Vox » pour écouter les femmes d’importance et celles qui oeuvrent sur le terrain.

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