Quand j’ai dit à Morag Myerscough, artiste designer britannique, que les couleurs vives de son installation à Paris m’avaient remonté le moral un jour de pluie, elle m’a expliqué que c’était exactement ce qu’elle souhaitait !
La vie en technicolor
Morag Myerscough vit et travaille à Londres. Ses œuvres associent couleurs, graphisme et formes géométriques. « J’ai toujours voulu parler en couleur, mes souvenirs les plus anciens sont en couleur. Pour moi, la couleur est plus forte que le message. » Pendant le confinement, elle a repeint sa bibliothèque en 17 couleurs différentes avec son compagnon et collaborateur Luke Morgan, artiste et rocker. Quand on lui demande de peindre un mur de 200 mètres de long dans un hôpital, elle tient un journal en notant son humeur, matin et soir « avec des tweets de couleurs, des tweets d’émotion ». Après 3 ans et demi de travail, le mur est entièrement recouvert de lignes de gradations multicolores.
« Mon but est de modifier la perception de l’espace pour mieux appréhender le lieu que l’on aime, où l’on se sent bien et que l’on s’approprie. Il faut regarder autour de soi avec un regard d’enfant. »
Pour décorer un hôpital pour enfants, elle organise des ateliers avec les petits malades et s’inspire des messages de paix et de joie du poète londonien Lemn Sissay. Le résultat est une salle d’attente flamboyante et des chambres où les enfants se sentent mieux. « Il ne faut pas oublier de jouer. Être heureux à l’hôpital, cela permet de guérir plus vite ! »
Son mantra : « Rendre heureux ceux qui sont près et ceux qui sont loin viendront. »
A New Now à Paris
Morag Myerscough est sollicitée pour des installations temporaires dans le monde entier. Pour ses installations permanentes, elle visite d’abord les lieux pour s’en inspirer et comprendre l’architecture environnante. On lui doit notamment le hall d’entrée du Design Museum à Londres, la décoration du café-théâtre Naves à Madrid… Dans le cadre du projet Embellir Paris, l’association Projet 6M3 a fait appel à elle. A New Now, à côté de l’église Saint-Merry, la petite Notre-Dame, est la première installation publique de Morag Myerscough en France. Le contraste de son œuvre multicolore avec l’architecture du XVIIe siècle qui l’entoure incite à questionner à la fois l’après-COVID et la restauration de la flèche de Notre-Dame.
« Je déteste le mot normal et l’expression ‘retour à la normale’… Je préfère le mot ‘maintenant’, le moment présent, mais différent. »
La sculpture-tour de 8 mètres, composée de formes géométriques chaotiques, s’élance vers le ciel, de façon ordonnée, puis moins ordonnée, avec l’inscription A New Now posée sur un lever de soleil. Pendant le confinement, elle a consigné une phrase chaque jour et ce sont ces trois mots que Morag a choisis.
« Il est impossible de prévoir le futur et nous vivons dans un nouveau maintenant. Nous sommes coincés ici et maintenant et nous devons trouver de nouvelles façons d’avancer, de nous reconstruire ». Elle espère que « ce nouvel espace, cette gradation de lever de soleil feront appel à notre imagination pour envisager le futur avec optimisme. »
Marie-Blanche Camps
©Crédit photos : Art Milan Mazaud, Thomas Lang, Gareth Gardner
A New Now est visible jusqu’à fin janvier 2021 : Le Socle, 80 rue Saint Martin / 73 rue de la Verrerie, Paris IVe.