Elle a tout d’abord été sage-femme avant de reprendre des études pour devenir responsable en gynécologie-obstétrique, puis pour se former à la direction d’établissements de santé. « En parallèle, j’ai suivi des études de psychologie, de sexologie médicale, de sophrologie, d’hypnose, car j’étais intéressée par tout ce qui tournait autour des femmes et j’ai ainsi pu travailler par les femmes, pour les femmes et avec les femmes ». Pour la deuxième année consécutive, Marie-Thérèse Besson vient d’être réélue à la tête de la Grande Loge Féminine de France qui fête ses 70 ans d’existence.
Les femmes donnent la vie
Venant d’une petite ville de province, Marie-Thérèse Besson dit ne rien connaître du monde et avoir tout appris sur les femmes en choisissant ce métier un peu par hasard. « Je me suis prise d’une passion pour ce monde féminin, je l’ai trouvé riche, avec des interactions que je n’imaginais même pas, surtout dans les années 60-70 où les femmes étaient mises sous le boisseau ». Elle travaillera avec des femmes enceintes, avec celles qui vont accoucher, mais aussi avec des femmes en période de ménopause, là où l’image du corps se transforme. « Quand on est sage-femme, on est une passeuse, on exécute des actes de l’ordre de la transmission en aidant l’enfant à venir au monde mais cela va beaucoup plus loin, car donner la vie c’est aussi donner la mort. »
Femme, féminin, féminisme
« C’est un métier compliqué et ce que j’aime par-dessus tout, un métier en lien avec le corps. Avant l’ère du tout-technique, je travaillais juste avec mes mains et cela créait une relation très étroite avec les patientes. J’ai animé beaucoup de séances de préparation à la naissance et j’ai été une des premières à le faire dans l’eau, ce qui à l’époque était très novateur. Le féminisme, dans ces années-là, je le trouvais outrancier. Mais j’ai bien conscience aussi que, grâce à ces femmes engagées, les choses ont changé ». Elle est témoin de la mise en place du planning familial, de la contraception, de l’avortement et vit ces combats encore adolescente. « En mai 68, notre révolution à nous les élèves sages-femmes a consisté à jeter par-dessus bord les voiles que nous portions sur le tête pour travailler ! ».
Franc-maçonne, un engagement au féminin. À 30 ans, elle décide de s’engager autrement et devient franc-maçonne. « J’étais à un tournant de ma vie et je cherchais des réponses à des questions de sens ». Intéressée un moment par le zen, elle trouve que cette démarche est trop solitaire et la notion du groupe lui manque. « J’ai pensé que la maçonnerie pourrait m’apporter ces réponses et j’ai opté sans hésiter pour une obédience féminine, en pensant qu’entre femmes, on avait une approche plus intimiste. 38 ans plus tard, toujours à la Grande Loge féminine de France, je n’ai jamais regretté mon choix. Se forger une identité de femme, une parole de femme, permet de mieux s’insérer et de se positionner plus facilement dans une société dite mixte. »
Présidente de la G.L.F.F.
Beaucoup de jeunes femmes, même aujourd’hui, ne connaissent pas la maçonnerie au féminin. Elle existe pourtant aux côtés des obédiences masculines et mixtes et laisse ainsi un choix à celles qui veulent s’engager. L’an dernier, Marie-Thérèse Besson a été élue Présidente de l’association loi 1901 Grande Loge Féminine de France. « Je suis élue par les députées de l’obédience qui représentent l’ensemble des membres, environ 14 000 sœurs réparties dans 435 loges en France et à l’étranger. La gestion est celle d’une entreprise, avec un conseil d’administration. Nous avons du personnel salarié, nous gérons du patrimoine, mais nous sommes aussi une société initiatique, c’est ce qui fait notre spécificité. Pour que nos membres se retrouvent sans exception dans ma personne, je dois être le lien entre toutes, celles qui veulent extérioriser notre action, que nous nous impliquions dans la société, celles qui souhaitent travailler dans la discrétion, celles qui ont des idées plus laïques et/ou plus féministes. Ce que je veux vraiment, c’est être génératrice d’harmonie ». Ses objectifs sont de mieux faire connaître la G.L.F.F., d’ancrer son positionnement dans le paysage maçonnique en étant son porte-parole auprès des médias.
Franc-maçonne au 21e siècle
« Dans nos loges, on grandit, on se construit, on se forge une personnalité, mais après il faut savoir porter à l’extérieur ce qu’on a appris en loge pour favoriser l’avènement d’un monde meilleur, plus juste, plus éclairé. Nous représentons un véritable courant de pensée et les institutionnels de notre pays ne s’y trompent pas puisqu’ils nous consultent sur des sujets comme la fin de vie, la bioéthique, la laïcité ou le vivre ensemble républicain ». Les loges forment à l’altérité et apprennent à échanger dans le respect de la parole de l’autre et à ne pas le combattre pour construire un projet commun. « Mon envie, pour ce mandat qui peut durer jusqu’à trois ans, n’est pas spécifiquement de laisser une empreinte mais de prôner l’exemplarité ; on doit être ce que l’on dit. L’obédience accueille des femmes de tous horizons, de tous milieux professionnels, de toutes religions et de toutes origines. Une femme secrétaire, entrée en maçonnerie en même temps que moi, m’avait avoué « La maçonnerie a été mon université ! ».
Entrer en maçonnerie, c’est suivre un cheminement initiatique, travailler sur soi, trouver du sens et se demander en quoi sa présence dans ce monde trouve une raison d’être. « Chez nous, on se pose beaucoup de questions mais on doute aussi car il n’y a pas une seule vérité. Nous disons souvent que nous sommes des « cherchantes ».
Vicky Sommet
Site Grande Loge Féminine de France
La Bibliothèque nationale de France conserve l’un des plus importants fonds maçonniques au monde.
Musée de la Franc-maçonnerie, 16 rue Cadet, 75009 Paris.