Muriel Fagnoni et Julia Gai : émotions florales

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L’atypique duo de Quand les fleurs nous sauvent bouscule les codes de la galerie tout en explorant librement le motif végétal dans l’art. L’élasticité et la plasticité de ce sujet ouvre un champ infini de réflexions qu’elles aiment à mettre en scène et partager.

Un tandem de caractère

Inutile de leur demander le nombre d’années qui les sépare, parlez leur plutôt de ce qui les unit soit leur amour inconditionnel pour l’art et pour la beauté du monde végétal. Muriel Fagnoni, l’aînée du duo, est une habituée du virage négocié. Intégrant HEC, elle a flirté avec l’École du Louvre, puis, parallèlement à son poste de vice-présidente exécutive chez BETC, a passé son CAP de fleuriste. C’est au cours d’un congé sabbatique en Australie que l’idée de Quand les fleurs nous sauvent a germéLe concept prendra corps en 2019 à la suite d’une rencontre opportune avec Julia Gai, amie de son fils, cette dernière affichant brillamment un master  Muséologie de l’École du Louvre et un Master 2 Média, art, création d’HEC. Nomades par conviction, elles ne possèdent aucune galerie et privilégient l’itinérance de leurs expositions.

Une simple fleur est un miracle

Le mantra Quand les fleurs nous sauvent  leur a été soufflé par le constat poétique de François Cheng : « Une simple fleur est un miracle ». Au-delà de la symbolique classique de la fleur bien enracinée dans l’Histoire de l’art (féminité, impermanence des choses, le temps qui passe…), les deux curatrices explorent le spectre illimité de réflexions qu’inspirent les œuvres floristiques anciennes ou contemporaines. Peinture, photo, sculpture, céramique ou textile, le langage des fleurs peut se faire tour à tour militant, poétique, écologique, ludique, scientifique voire spirituel. Le duo fonctionne selon une règle de trois immuable : une émotion partagée pour un même artiste, un coup de cœur pour un endroit singulier et une volonté d’en faire un lieu vivant. À leur image. Ainsi six fois par an à travers group show ou exposition aux accrochages savamment pensés, Muriel et Julia mettent en conversation figures confirmées et jeunes pousses.

Un jardin partagé

On le sait, l’achat d’un bouquet peut être pour certains un acte superflu. Muriel et Julia ont ainsi décidé de prélever un pourcentage sur chacune de leur vente d’art afin de pouvoir, en partenariat avec des associations (Restos du cœur, EHPAD), offrir des fleurs aux plus défavorisés. D’autres gestes sont en cours, comme celui de fleurir les banlieues (Saint-Denis) ou bien celui de récupérer les décorations florales d’évènements éphémères du monde du luxe . Toujours dans la même généreuse démarche : faire partager la beauté de la nature.

2022 sera l’année dédiée aux salons, passages exigeants, mais gratifiants, tant pour les curatrices que pour les artistes. Muriel Fagnoni et Julia Gai phosphorent déjà sur d’autres pistes de collaboration : leur terrain de jeu végétal est infini.

Christine Fleurot

EXPOSITION À VENIR :
Jean-Pierre Sudre X Debeaulieu
Natures immarcescibles
du 9 au 26 juin 2022
©Quand les fleurs nous sauvent
Une conversation florale entre deux artistes :
l’un photographe, Jean-Pierre Sudre, maître de la nature morte aujourd’hui disparu,
l’autre fleuriste contemporain le plus renommé, Debeaulieu.
Quand les fleurs nous sauvent -5 rue Jacques Callot, 75006 Paris, du mercredi au dimanche de 12h à 19h.

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