Pilar, paroles de muse

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Je ne sais pas vous, mais moi, je n’avais jamais rencontré de muse de ma vie et voici que sur ma route apparaît Pilar, cette beauté espagnole presque minérale, moderniste, néo-expressionniste ou cubiste, vous savez de ces beautés portées différemment. On comprend quand on la rencontre qu’elle ait inspiré des artistes de toutes variations dans l’Espagne d’après Franco.

Arrête-moi si tu peux

Née à Valence, en Espagne, dans les années 1960, l’enfance et l’adolescence de Pilar se passent dans une société sous emprise franquiste, corsetée par la religion d’État et les bonnes mœurs, pas encore vraiment sortie de la guerre civile dont on ne parlait pas et, enfin, en 1975 la mort du dictateur qui libère les consciences et les énergies qui avaient déjà commencé à s’impatienter. Pilar n’avait qu’une idée en tête, « faire quelque chose » ou en tout cas « devenir quelqu’un » et quitter la provinciale et paradoxale Valence, avec une formidable envie de vivre et une fascination pour la modernité et les idées neuves développée dans de nombreux secteurs artistiques comme la musique, la mode, le cinéma, la peinture ou la photographie.

Cela a commencé par des créations de vêtements originales auxquelles elle a été associée comme modèle (déjà), puis la rencontre avec Javier Mariscal, dessinateur, graphiste universellement connu (la mascotte olympique de 1992, c’est lui). Et le départ pour Barcelone où, grâce à ses contacts et au milieu effervescent dans lequel ils vivaient, elle a pu se lancer comme scripte dans le cinéma où elle fait carrière. Son amoureux Mariscal lui présente le peintre Miquel Barceló, peintre contemporain majeur (la décoration de la coupole du Palais des Nations à Genève, c’est lui). Ils partent en Afrique à quatre pour un voyage « initiatique et artistique », mais la voilà restée seule avec Barceló et une histoire d’amour indiscrète et flamboyante surgit, au point qu’un trio amoureux se forme. Un vrai scandale !

Femme au bord de la crise de nerfs

Ambiance de Movida, me direz-vous ?  Elle s’en défend ! La Movida, c’est surtout à Madrid, mais à Barcelone l’ambiance y était aussi, à la catalane. Pilar pose pour Mariscal et Barceló qui lui dédient leurs œuvres du moment. Elle a aussi été inspiratrice de poètes : un amant secret avec qui elle a eu une très belle histoire lui a consacré des lignes inoubliables, un groupe folk lui a dédié une chanson devenue populaire « La pilareta ». Alors, muse ou pas muse ? Elle dit y avoir beaucoup réfléchi et la réponse est plus complexe qu’il n’y paraît. Y avait-il vraiment volonté ou participation de sa part ?  Et puis après tout, on n’est pas toujours responsable de ce que les autres voient en vous. Oui, bien sûr, même si elle dit qu’elle était parfois juste là, mais quand on voit les productions qu’on lui a consacrées, on se dit que c’était bien elle et pas une autre !

Puis c’est la rencontre avec José, son mari français, réalisateur de cinéma, venu faire un film à Barcelone. Il a eu un coup de foudre et elle de la curiosité, puis ils sont devenus un couple fusionnel et elle a choisi de lui donner sa main.

L’avenir

Avide de transition et de transformation culturelles et en proie à un foisonnement créatif dans tous les domaines artistiques, allant de la pop-culture au mouvement underground glam et rock, serait-elle punk ? Pilar n’a jamais été ni une bonne ménagère, ni une femme au foyer. Son truc à elle c’est la création. Elle se rend compte que le sac est devenu un objet de luxe que les femmes portent maintenant comme un trophée, c’est d’ailleurs parfois la seule façon de pouvoir se payer un accessoire de luxe. Elle veut en faire un objet pratique, mais beau, à un prix abordable, qui corresponde à la personnalité de chacune et à l’usage qu’on veut en faire. Ses sacs sont multifonctionnels, colorés comme des montagnes d’épices, dans des tissus qui rappellent l’Afrique et l’Espagne. La créatrice veut développer son concept, faire des collections et se préparer au futur, elle est non seulement espagnole et femme, mais aussi résistante, résiliente, autonome, indépendante… un peu magicienne.

L’avenir pour elle, c’est aussi le livre qu’elle est en train d’écrire pour partager ses expériences et ses émotions et dont le titre sera… « Paroles de muse » !

Anne-Marie Chust

©Pilar Paris BarcelonaRetrouver les créations originales de Pilar lors de notre vente annuelle du 16 novembre 2023 de 11h00 à 19h00 au 7 avenue de Friedland, Paris 8e, ou sur son compte Instagram @pilarparisbarcelona.

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