Sylvie Casenave-Péré, cap’taine courageuse

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Pourquoi une femme qui ne connait rien à l’industrie se lance-t-elle dans un combat pour sauver une entreprise de cartonnerie et construire une usine idéale avec la collaboration de tous ses salariés dans la Sarthe ? Quels sont les ressorts de Sylvie Casenave-Péré, mariée, cinq enfants, capitaine d’industrie à l’engagement et aux valeurs fortes ?

Une enfance solitaire

Son père tombe malade quand elle est enfant. Les femmes de la famille, sa mère et sa grand-mère, reprennent le flambeau et travaillent pour assurer le quotidien d’une famille modeste pour laquelle l’école apparaît comme une planche de salut. Élevée à Nantes dans une institution religieuse, Sylvie, qui vient d’un milieu non pratiquant où droiture et honnêteté sont des fondamentaux, dira de son parcours scolaire : « J’ai évolué dans un milieu hostile où j’ai dû trouver mon chemin pour être autonome.» Elle se sent isolée à la fois dans sa famille et à l’école où elle a le sentiment d’avoir sa propre compréhension des choses. Elle n’a pas d’amie, lit beaucoup et développe une certaine capacité de révolte et de remise en cause, elle qui ne supporte pas la soumission.

« Je n’avais pas l’ambition d’être la première mais celle de toujours bien faire, même dans les situations imposées. »

Une orientation contrariée

Son souhait le plus cher est de faire Sciences Po, mais ses parents ne peuvent le lui offrir. Sylvie reste donc à Nantes où elle suit des études à l’école de commerce. Elle tombe enceinte de son premier enfant à 22 ans et suit son époux au Mans où elle travaille d’abord pour Tabur, puis pour le groupe familial de son mari pour lequel elle monte une quincaillerie. À 33 ans, elle doit tout quitter, part avec ses 4 enfants sous le bras et reprend des études de droit. C’est une époque très difficile où elle souvient avoir eu pour soutien, sans qui rien n’aurait été possible, un médecin et un homme d’église. Puis, elle commence à travailler dans une étude d’administrateur judiciaire avant de rejoindre, à la demande de l’actionnaire, un groupe de fabrication d’emballages en carton imprimé en dépôt de bilan à Sablé. Elle a 37 ans.

« On appelle toujours les femmes quand il y a des situations désespérées ! Quand j’ai reconstruit l’usine, on m’a demandé qui était mon patron… »

Travailler dans un groupe familial pour être libre d’organiser sa vie

En 1996, le groupe Posson c’est 22 000 m² de locaux sur 3 usines, 120 salariés, des clients qui partent… Sylvie s’installe en parallèle à Caen pour suivre son nouvel époux. Pendant 10 ans elle fera les trajets entre le Calvados et la Sarthe pour gérer l’affaire qu’elle rachète en 2007. Auparavant, elle renégocie les dettes, ferme deux usines, passe à 6 500 m² de locaux et 70 salariés, fait partir le top management… Sous la houlette de Sylvie, la société devenue Posson Packaging est engagée à la fois dans une gouvernance collégiale et paritaire et suit une démarche RSE active. En 2018, elle représente 130 salariés à Louailles (Sarthe), 1,5 million d’emballages par jour, un chiffre d’affaires de presque 25 millions d’euros par an, une croissance continue à 2 chiffres depuis 10 ans.

Aujourd’hui, Sylvie est rentrée en phase de succession. Pourquoi si tôt ? Afin que son fils aîné qui a rejoint l’entreprise en reprenne les rênes au fur et à mesure tout en s’imprégnant bien de toutes les valeurs de l’entreprise qu’elle souhaite lui transmettre. Heureuse de sa décision, elle affirme ne pas avoir peur du vide « J’adore restaurer les vieilles maisons et j’ai envie d’accompagner mes enfants, d’être plus disponible pour ma famille et, pourquoi pas, écrire un livre, moi qui aurais adoré être journaliste ! » 

Marie-Hélène Cossé

Son moteur du matin ?
« J’ai de la joie dès le matin. Je me réveille avant que mon réveil ne sonne et saute du lit. J’aime être dans le présent et me réjouis de la journée qui arrive. »

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