Il était une fois Tatiana Mignot qui a tant d’Histoire à nous raconter. Guide-conférencier national, titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’art et d’une licence d’histoire, son catalogue comporte aujourd’hui une centaine de visites ou conférences. Les périodes anciennes sont sa spécialité. De Lutèce à la Révolution, en passant par la Tour Saint-Jacques¹, dont elle est spécialiste, Tatiana nous invite à un grand voyage dans le temps !
Des passerelles féminines
Tatiana s’est taillée une certaine réputation grâce à ses conférences « Portraits de femmes qui ont marqué leur temps » qui m’ont permis de faire sa connaissance et qui sont une façon pour elle d’entrelacer ses deux « casquettes » d’histoire et d’histoire de l’art. Elle a commencé bien sûr par les femmes artistes, puis au cours de ses pérégrinations historiques, elle a été amenée à croiser bien d’autres femmes marquantes, quelquefois passées sous silence, et qui lui ont donné envie d’en savoir plus sur le rôle des femmes dans la société dans leur contexte historique et de déconstruire parfois quelques mythes.
Elle s’est aperçue aussi qu’un environnement culturel, mâtiné parfois de « récupération » ou de féminisme « castrateur », selon ses propres termes, s’était développé depuis quelques années et qu’elle n’aimait pas ça. Comptez le nombre d’expositions à Paris consacrées aux femmes où on s’accroche souvent un peu aux branches pour trouver des correspondances avec la réalité, notre civilisation ayant été ce qu’elle a été !
En tout cas, la pétillante Tatiana veut nous décrire des femmes illustres avec une approche originale. Elle essaie de « rétablir l’équilibre en se détachant du sentiment », dixit Hannah Arendt, à qui elle a consacré un ambitieux portrait. Car pour parler de ces femmes, il faut connaître la société dans laquelle elles vivaient, ce qui était exceptionnel ou pas, parler des décisions qu’elles ont prises et des choix qu’elles ont faits et qui, pour la plupart d’entre elles, ne relevaient pas forcément du militantisme féminin, ce qui ne réduit en rien le rôle qu’elles ont été amenées à jouer. Prenez une Olympe de Gouges, un George Sand ou une Berthe Morisot, par exemple. Et le public en redemande !
Difficile de vivre de son art
Fille de parents bienveillants que rien ne prédestinait à l’emmener au musée mais qui l’ont suivie dans sa passion pour l’art et l’histoire, sa vocation a toujours été là, aussi loin qu’elle s’en souvienne. Tatiana voulait être conservateur de musée (et ne désespère pas). Elle a touché à tous les domaines et métiers de l’art et a dû jongler entre un job à plein temps pendant plusieurs années pour payer ses factures, l’École du Louvre où elle était enseignante, des vacations, des conférences, jusqu’à parfois travailler 12 h par jour, week-ends compris. Il est difficile de vivre de son art, tout le monde ne concevant pas que l’histoire de l’art ne soit pas qu’un hobby mais que cela puisse aussi être une profession. Le Covid a changé les regards, le public a compris que c’est un vrai métier, qu’il faut être passionné et beaucoup travailler pour donner une conférence. Il lui est arrivé d’avoir jusqu’à 1 500 auditeurs ! Et une folle reprise de l’engouement pour les musées s’annonce.
Tout le monde peut ressentir quelque chose face à une œuvre d’art ou une histoire. Tatiana en a en tout cas gardé le besoin et l’envie de rendre les choses plus abordables dans sa façon de les présenter car l’art est subjectif et, avec un regard ouvert et quelques explications, on finit par apprécier et comprendre.
L’histoire a toujours des résonances avec le temps présent, ce n’est pas une science poussiéreuse. Tatiana est heureuse dans son métier et dans sa passion pour l’art et l’année qui s’annonce est déjà synonyme de belles expos, de conférences² et peut-être de nouvelles aventures d’écriture.
Anne-Marie Chust
¹La sirène de la Tour Saint-Jacques, conte fantastique pour petits et grands de Tatiana Mignot (Éditions Amalthée, mai 2021).
²Conferentia, Des mots et des arts, Louvre Plus. En ce moment, Pionnières – Artistes dans le Paris des années folles au Musée du Luxembourg.
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