Hier, aujourd’hui et demain : trois femmes de sciences

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Particulièrement sensible au domaine médical et notamment à l’avancée de la recherche, trois femmes ont forcé mon admiration : Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé pour son rôle majeur dans la libération de la femme en tant que propriétaire de son corps libre de pouvoir gérer sa sexualité, Françoise Barré-Sinoussi pour son engagement face à au SIDA, Marie Villares pour l’espoir qu’elle représente aujourd’hui dans le domaine de la lutte contre le cancer.

Médecin et féministe

Gynécologue de formation, Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé était une figure importante du mouvement féministe des années 50-60. Issue d’un monde bourgeois, elle utilise son éducation religieuse et milite très tôt au sein de la jeunesse étudiante chrétienne. Elle appartenait à cette période dite des Trente Glorieuses où la contraception était taboue et l’avortement considéré comme un péché passible d’emprisonnement. Elle a su se détacher de la norme en créant la Maternité heureuse en 1956 qui deviendra le mouvement français pour le Planning familial. Son but était de donner la possibilité aux femmes de contrôler les naissances en les aidant à planifier les grossesses et surtout à éviter les avortements clandestins. Elle était sensible à la condition féminine face à l’absence d’information sur la sexualité et la contraception. En 1954, elle s’engage et défend les époux Bac, un couple condamné pour des faits de maltraitance suivis de la mort de leur dernier enfant. Elle pointe du doigt un système paternaliste, injuste envers les femmes qui cherche à contrôler une part intime de leur vie.

Tenace, elle a ouvert la voie à un mouvement féministe grandissant dans les années 50, permettant aux femmes de se réapproprier leur corps.

La science au bénéfice de l’humanité

La journée du 20 mai 1983 reste mémorable pour Françoise Barré-Sinoussi ainsi que pour toute l’humanité. Elle fait partie de ces femmes qui ont fait évoluer les mentalités dans le domaine de la recherche. Françoise et son équipe arrivent à identifier dans l’urgence le virus de l’immunodéficience humaine. En effet, le Sida fait des ravages depuis 1981 et le monde s’affole, la recherche est impuissante face à la croissance exponentielle du virus, une guerre invisible est alors lancée. Cette découverte permettra de briser les préjugés car le Sida était considéré comme le “cancer gay”. Cette découverte donne à ces malades une part d’humanité et la maladie est ainsi mieux appréhendée par le corps médical. Françoise Barré-Sinoussi est une femme passionnée et engagée, elle met toute son énergie pour continuer ses recherches sur le virus, notamment sur la transmission de la mère à l’enfant in-utéro. Elle a littéralement révolutionné la manière de faire de la recherche et désormais, le chercheur sort de son laboratoire et collabore avec les associations et les malades eux-mêmes. Troisième femme Prix Nobel en médecine en France depuis 2008, présidente de Sidaction, de nombreux prix valorisent son travail acharné.

Il est alors important de comprendre que, face à la maladie, nous sommes tous égaux, sa découverte est universelle et Françoise Barré-Sinoussi continue de militer pour que le transfert du savoir se fasse en direction de l’Afrique et des pays en voie de développement, elle défend le concept de la science au bénéfice de l’humanité.

L’avenir de la recherche

Jeune femme accueillante et dynamique, Marie Villares utilise sa curiosité et son ingéniosité pour mener une recherche innovante. En effet, c’est par l’étude de parasites bovins qu’elle cherche à mettre en place un traitement contre le cancer. Son talent est révélé par le prix Jeune Talents L’Oréal-Unesco qui récompense trois années de travail acharné et l’inscrit parmi ces jeunes femmes encore minoritaires dans le domaine scientifique. Loin des Angles, sa Terre-Natale, c’est à Paris qu’elle s’épanouit et s’investit pleinement dans les sciences. Jeune femme moderne et dynamique elle organise des conférences et partage ses recherches sur les réseaux sociaux. Depuis son enfance, elle espère pouvoir contribuer à de grandes découvertes. À seulement vingt-cinq ans, elle a su se construire un parcours en accord avec ses valeurs et son engagement sans limite dans sa carrière montre qu’elle est sur la bonne voie.

Ces trois femmes inspirantes et étonnantes consacrent avec ardeur leur existence au bénéfice de l’humanité, sacrifient leur vie pour percer les mystères du corps et sauver des vies.

Mesline Djoumkam
Étudiante en Licence III d’Histoire à la Faculté des lettres de Sorbonne Université
Article écrit dans le cadre de son projet de mémoire en collaboration avec Mid&Plus*

LIRE « La grand’ peur d’aimer » – « Pour ou contre la pilule et le Planning Familial » « L’enfant accident » de Marie-Andrée Lagroua Weill Hallé (Babelio)

*Nous avons proposé à trois étudiantes à la Sorbonne, effectuant leur stage de fin de licence au sein de notre rédaction, de nous présenter, dans le cadre de leur travail de soumission de mémoire, des femmes pionnières d’hier, aujourd’hui et demain choisies dans leurs domaines de passion. Vous découvrirez cet été, publiés dans notre rubrique Arts & Lettres, leurs travaux dont les choix vous surprendront ou pas !

Marie-Hélène Cossé et Vicky Sommet

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