Allons peigner la girafe

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Pourquoi ai-je acquis un goût si particulier pour la girafe au point d’en faire un article ? D’abord parce que c’est une « fille ». Oui, oui, je sais, la girafe se reproduit donc il y a forcément des mâles et des femelles, mais on a choisi de lui attribuer un nom féminin, ce qui me va tout à fait et lui va tout à fait car dame girafe est enchanteresse (un peu genre Inès de la Fressange), mais pas que…

Une beauté digne d’un cadeau des dieux

Animal le plus haut du monde (pouvant atteindre jusqu’à 5,5 m) avec une anatomie unique : un long, presqu’interminable, cou noble et gracieux, une petite tête aux lèvres sensuelles, des yeux bordés de très longs cils, une démarche chaloupée et élégante, une peau blanche ou sable ou savane mouchetée (où elle habite) pleine de taches de rousseur en forme de feuilles mortes ou d’empreintes digitales, motif de tâches unique et propre à chaque spécimen (leur ADN en quelque sorte, car saviez-vous qu’aucune n’est tachetée de la même manière et qu’elles ont toutes des profils différents ?). Et que dire de ses petites cornes recouvertes de velours (sorte de chapeau de la famille royale anglaise version Eugénie ou Béatrice) ?

Du caméléopard à la girafe Médicis

La girafe représente puissance et majestuosité depuis l’Antiquité, digne des ménageries royales, ornement de bas-reliefs égyptiens et surtout animal symbolique lié à Jules César qui la ramena en Europe après une de ses victoires… une belle entrée en matière ! Les Romains appelaient d’ailleurs cet animal impressionnant un « caméléopard » à cause de sa ressemblance avec le chameau, au niveau de sa taille et de ses formes, et des similitudes de sa peau avec celle d’un léopard. Et comme toujours et pour tout, la Renaissance s’inspire de l’Antiquité. Lorsqu’en 1487, le sultan d’Égypte offrit à Laurent de Médicis une girafe afin de solidifier leurs rapports diplomatiques, on peut dire qu’il choisit un cadeau à la hauteur de la magnificence des Médicis. Cette belle girafe appelée « girafe Médicis » attira tellement l’attention qu’elle se retrouva sur des fresques florentines et malgré son décès prématuré pour conditions climatiques, l’animal séduisit le peuple florentin par sa douceur et sa beauté et ne fut jamais oubliée.

Toujours debout

La force de la girafe, c’est son tempérament à la fois curieux (les avez-vous vues observer à droite, à gauche, tout ce qui bouge) mais aussi sa sérénité, son calme et son pacifisme. Il est très rare de les voir se battre, même lors du rituel de la parade nuptiale qui ne dure jamais plus de 2 minutes et au cours duquel les mâles enlacent leurs cous afin de séduire la femelle. Ces animaux herbivores ont besoin de très peu de sommeil et restent éveillés la majeure du temps surement par peur des prédateurs, surtout pour leurs girafons plus en danger qu’elles car pouvant être attaqués plus facilement (ils ne font qu’environ 2 mètres à la naissance !). Les girafes sont toujours debout, même pour mettre bas. Notre mignon girafon tombe de haut quand il naît et se relève tout de suite en titubant sous l’observation placide de sa mère. Animaux solidaires, il faut les voir se regrouper quand elles boivent par exemple, pendant que l’une se met dans cette drôle de positon accroupie en écartant les jambes, ce qui n’est pas facile, les autres restent dressées autour d’elles, toujours aux aguets.

On dit aussi que l’animal esprit-girafe symbolise l’acceptation et l’amour de soi car la girafe sait qu’elle est unique au monde, comme chacun d’entre nous… Nous aurions surement beaucoup à apprendre d’elle. Elle est hélas en voie d’extinction silencieuse¹ dans son habitat naturel, détruit à pas de géant. Partie intégrante de notre imaginaire², à quoi ressemblerait le monde, sans notre amie la girafe ? Un peu de beauté en moins. Elle doit pouvoir continuer à boire dans la lune.

Anne-Marie Chust

¹https://www.cerza.com/objectif-girafes/
²Sophie la girafe
(depuis 1961).

©La Berceuse des girafes de Pierre Gamara

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