Femmes au Japon : face aux nouveaux défis !

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La place de la femme dans la société japonaise est une question brûlante. Très peu représentées au niveau du pouvoir politique ou dans la société civile, elles n’en sont pas moins la clé de l’évolution future du Japon.

Le statut de femme au foyer, une réalité récente

Durant l’ère Meiji (entre 1868 et 1912)  et même avant, les femmes étaient attachées à la terre ou dans les échoppes, donc indispensables à la survie de la population. L’infanticide était d’ailleurs plus pratiqué que l’avortement à cette époque car considéré comme moins dangereux qu’une possible septicémie. Il faut attendre l’influence américaine, après 1945, pour que la majorité des Japonaises deviennent des ménagères à plein temps, lorsque les normes de la bourgeoisie américaine commencèrent à s’étendre à la classe moyenne naissante. Une femme qui ne travaille pas devint un signe de statut social envié. Dès lors, la division des tâches s’installe : le père s’absorbe dans sa vie au travail, la femme se concentre sur le foyer.

©L'emploi des femmes au Japon - Mid&Plus

Un pays en mal d’enfants

Le taux de fertilité qui s’était tenu à proximité du niveau de remplacement depuis 1957 a connu une chute à un niveau de 1.50 en 1950 et 1.4 récemment. Combiné à un extraordinaire allongement de la vie, cela fait du Japon le pays avec le taux le plus élevé de personnes âgées. Les plus de 65 ans représentent 27 % de la population (19% en France, 15% aux EU). En 2065, ils seront 40 % ! On peut certes compter sur la robotique, l’intelligence artificielle pour renforcer la productivité d’une population vieillissante et déclinante, mais le gouvernement excluant l’immigration, l’emploi des femmes est devenu une nécessité économique.

Difficile intégration des femmes sur le marché de l’emploi

Bien que très bien formées à l’université, environ 60 % des Japonaises arrêtent de travailler après avoir enfanté, en raison des difficultés rencontrées pour combiner vie professionnelle et familiale. Les femmes sont sous-représentées sur le marché du travail et quand elles y participent, on les retrouve au sein des emplois « non-réguliers » (temps partiel, durée limitée) dont les niveaux de salaire sont bas. C’est toutefois un progrès si l’on considère que, jusqu’en 1986, une femme était contrainte par la loi d’arrêter son travail après un premier enfant. De nos jours c’est son choix, mais elle cherche un travail d’appoint, le mari procurant la source principale de revenus. Il est vrai que la culture d’entreprise au Japon reste un obstacle: 10 à 12 heures par jour au bureau, dîners clients tous les soirs, peu de congés, mutations obligatoires…

L’évolution du pays dans les mains de la nouvelle génération

Les jeunes Japonais refusent de subir ces schémas traditionnels. La conséquence en est le refus du mariage. On choisit de rester célibataire et profiter plus longtemps de la vie, quitte à rester chez les parents. Ce sont les  « célibataires parasites »¹ égoïstes qui ne songent qu’à consommer. La différence avec les pays occidentaux est que les jeunes ne s’installent pas en couple et n’ont pas d’enfant en dehors du mariage².

Mais, loin des clichés de la femme soumise, les Japonaises ont à leur manière à elles de faire avancer leur cause et sont parfois prêtes à s’organiser ou à s’entraider comme on l’a vu après l’accident de Fukushima où des associations ont été créés. Il ne faut donc pas sous-estimer leur capacité à faire face aux nouveaux défis !

Michèle Robach
Mid&Japon

¹Expression de la  sociologue Masahiro Yamada.
²Naissances hors mariage 2% au Japon, versus 50 % pour la France et la Suède.

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