Dans la chanson de Charles Trenet, « les canards parlaient anglais… ». Dans le potager souterrain Growing Underground en plein Londres, c’est le Britannique Steven Dring, co-fondateur, qui nous fait visiter son « jardin extraordinaire ».
Voyage au centre de la terre…
Nous sommes à trente-trois mètres sous terre (l’escalier a 130 marches !), dans un ancien abri anti-aérien de la seconde guerre mondiale. L’entrée se trouve tout près de la station Clapham Common, dans le Sud de Londres. On entend le métro à intervalles réguliers, car le tunnel longe celui de la ligne de métro Northern Line, de Clapham South à Stockwell.
« Le bunker pouvait accueillir jusqu’à 8 000 personnes dans des lits superposés, avec un stock de nourriture pour tenir un siège de trois mois. »
Munis de bottes en plastique, d’une longue blouse blanche et d’une charlotte -les règles d’hygiène et sécurité sont drastiques-, nous avançons dans un premier tunnel dédié à la germination, où les graines sont entreposées pendant 3 à 9 jours dans des seaux alimentés en continu d’eau minéralisée. Puis, nous entrons au cœur de la ferme verticale : des micro-salades et micro-herbes poussent tranquillement hors-sol, sur des tapis de laine de roche alignés sur des étagères éclairées d’une lumière rosée. « Avec les LED à basse consommation, c’est comme un printemps qui ne finit jamais… » L’électricité provient de sources d’énergie renouvelable, aucun pesticide n’est utilisé. L’humidité et la chaleur sont constamment surveillées. La culture hydroponique utilise 70% d’eau en moins par rapport à la culture traditionnelle.Nous goûtons des pousses de fenouil, coriandre et basilic : leur saveur est intense et leur goût incomparable. Quelque douze variétés de micro-salades sont produites toute l’année, jour et nuit, sans souffrir des intempéries : cresson, basilic, roquette, oseille, amarante, radis, etc… Growing Underground fournit grands restaurants et magasins londoniens, dont Marks & Spencer depuis le début.
Un potager souterrain en plein Londres
Le potager souterrain se veut zéro carbone : « Nous utilisons des mètres carrés qui étaient laissés à l’abandon et nous produisons des micro-légumes de qualité pour la communauté locale. » Steven Dring avait entendu parler des fermes urbaines il y a huit ans. Passionné par le développement durable et le dérèglement climatique, il a eu envie de s’impliquer personnellement. L’aventure commence, le chef Michel Roux Jr. (restaurant Le Gavroche), qui habite Clapham, soutient tout de suite le projet et leur donne même des conseils. Une opération de crowdfunding en juin 2014 leur permet de lever £700,000 pour démarrer l’entreprise.
« Je me suis intéressé aux travaux sur l’écologie de Jeremy Rifkin, aux solutions pour nourrir les villes du futur… A l’époque, je travaillais dans la logistique, mais parallèlement, j’ai fait des études sur l’industrie alimentaire, sur la restauration, je suis allé enquêter dans les marchés de gros… Et en 2013, je découvre ce lieu avec mon associé Richard. C’était un entrepôt, qui avait aussi servi de studio d’enregistrement. Et on a commencé à faire des essais de culture de micro-laitues. »
Steven espère agrandir la surface de culture et la production d’autres micro-légumes. Il souhaite surtout donner l’idée à d’autres d’utiliser tous les mètres carrés disponibles en ville pour produire de la nourriture et limiter l’impact polluant des transports.
Marie-Blanche Camps
Mid&British
Growing underground, 1a Carpenter’s Place, London SW4 7TD, se visite sur rendez-vous le jeudi et le samedi en soirée (visite £40.56 – £45).