L’enfant en souffrance, une conséquence de la nouvelle éducation « positive » où à vouloir trop considérer l’enfant, il finit par prendre le dessus. Comment se sortir de cette situation délicate ? En décelant les dysfonctionnements au sein de la famille et en donnant du sens aux maux de l’enfant.
Écouter la souffrance enfantine
Derrière l‘enfant dit difficile, il y a le rebelle, l’hyperactif, l’autiste, l’anorexique, bref tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule et qui peinent à s’adapter à la normalité. Et cet enfant souffre de se sentir coupable, vulnérable et vit mal l’injustice de se sentir à l’écart dans la famille. Et en demande constante d’amour, il s’émancipera d’autant plus facilement en grandissant que ses besoins affectifs seront comblés. Mais s’il ravale ses manques, s’il anesthésie ses peines, il laissera dans l’ombre ces souvenirs douloureux qui finiront par entraver son développement. Jusqu’à devenir l’enfant symptôme qui n’est pas maître de sa différence, un processus qui pourra se rejouer en société même à l’âge adulte.
Fragilité personnelle et déséquilibre familial
L’enfant obéissant s’installe dans une appartenance réconfortante. Mais dès qu’il agit différemment, il confronte ses parents à des problèmes qu’ils n’ont pas envie d’affronter. Et si rien n’est mis en parole à ce moment-là, c’est souvent la colère, les tensions ou l’invective qui peuvent s’installer dans les relations parents-enfant. Ce que Freud dénonçait comme une perversion est souvent une réponse de l’enfant face au parent qui a usé de séduction ou de mensonge pour se faire obéir. « La puissance des désastres d’enfants est semblable à celle de leurs émerveillements » dit la psychanalyste Virginie Megglé. Essayer de comprendre pour un parent ou un thérapeute n’est pas une démarche intellectuelle mais plutôt un signe d’affection.
« Si tout allait bien avant lui ou en dehors de lui, il n’aurait ni n’irait aussi mal ! »
Ces enfants qui nous aident à grandir
Les chocs affectifs malheureux, une perte, un départ, un oubli, font que la douleur décroit chez l’enfant, sitôt qu’une attention est portée à son mal-être, même s’il n’est pas exprimé en paroles. « Se sentir compris, c’est se sentir aimé, se savoir compris… c’est cesser de se sentir exclu ». Comme expliquer un mal de cause à effet, lui donner un nom, peut aider à dénouer ce qui produit la souffrance. Le médecin, le parent, le psy, l’enseignant, les reconnaissent, chacun selon son expertise, et il s’agit moins de guérir une « maladie » que d’accueillir la difficulté à être qui est une demande de bien-être.
L’enfant est trop souvent l’objet d’investissements ou de projections inconscientes qui le dépassent et le paralysent. D’une génération à l’autre, les fantômes réapparaissent et on hérite des traumatismes de nos ainés. Reste à intégrer nos fragilités et à retrouver la bienveillance envers nous-mêmes pour l’éprouver devant les difficultés de nos enfants.
Vicky Sommet
« Quand l’enfant nous dérange et nous éclaire » de Virginie Megglé aux éditons Eyrolles