Prendre le pouvoir ou prendre soin ? Gouverner ou donner de l’amour sans compter ? Pourquoi toujours opposer pouvoir et compassion, masculin et féminin ? Un des objectifs des rencontres organisées par l’Institut Mind and Life, dont les textes sont disponibles aux éditions Allary, est de (re-)trouver la complémentarité qui donne tout son sens à l’un comme à l’autre.
« L’amour sans force est bien plat, il a besoin d’énergie. » souligne avec humour la neurobiologiste Tania Singer
Un dialogue inspirant
Au fil de la conversation entre le Dalaï-Lama et des chercheurs, acteurs de la société civile, artistes, religieux du monde entier, vous pourrez découvrir comment l’exercice bienveillant du pouvoir est une des clés de notre civilisation. Avec des témoignages bouleversants, fraternels, inspirants comme celui de Pauline Tangiora, une ancienne de l’ethnie des Maori, qui nous exhorte à protéger et admirer l’univers et toutes ses créations, les arbres, les fleurs, les abeilles, les étoiles. Ou celui de Frère Thierry-Marie Coureau, qui appelle à choisir l’amour, « la décision d’orienter notre esprit et notre cœur vers les autres et de les accepter tels qu’ils sont ».
Jody Wiliams, prix Nobel de la Paix pour son combat contre les mines antipersonnel terrestres, appelle à comprendre la violence « à laquelle les êtres humains ont recours lorsqu’ils estiment n’avoir aucun autre choix et que personne ne les écoute ».
Pour retrouver le sens de la vie
Et plutôt que préparer la guerre, développons la paix, mission à laquelle Scilla Elworthy, proposée trois fois pour le Nobel de la paix, travaille. Elle a même écrit The Business plan for peace. Et elle est formelle : la paix coûte beaucoup moins cher que la guerre ! L’économiste Frédéric Laloux témoigne du malaise qui va grandissant au sein de toutes les organisations, grandes sociétés cotées en bourse, ou simplement parmi les médecins ou les enseignants, malaise et mal-être qui conduisent beaucoup à quitter leurs structures pour dépression ou pour retrouver des fonctions qui ont du sens. L’attente d’un mieux travailler ensemble est immense : il ne s’agit plus d’exercer le pouvoir sur les autres, mais avec.
La bienveillance au pouvoir
L’altruisme n’a rien d’antinomique avec le pouvoir et la réussite économique, bien au contraire. La compassion n’empêche pas l’exercice du pouvoir, pas plus que le pouvoir n’entrave la compassion, deux qualités complémentaires et essentielles pour ré-inventer des sociétés plus humaines. Et la bonne nouvelle des neurosciences, c’est que la bienveillance et la compassion peuvent se cultiver dès l’école, en apprenant à méditer et vivre en paix. N’en privons pas la jeune génération !
Anne-Claire Gagnon
Mid&Flandres
LIRE
Pouvoir et altruisme, sous la direction de Matthieu Ricard, Tania Singer et Kate Karius (éditions Allary, octobre 2018)
The business plan for peace de Scilla Elworthy