Un mariage début juin au nord de San Francisco, suivi d’une graduation quelques jours plus tard à Los Angeles, me font enfourcher de nouveau une Harley-Davidson, le cœur battant, le long de la mythique Highway 1*. Mon dernier voyage moto remonte en janvier 2011 dans le sud australien et quelques années auparavant de l’Arizona à la Californie en traversant Grand Canyon, Las Vegas et la Death Valley. Vais-je encore tenir en selle ?
« J’appuie sur le starter et voici que je quitte la terre. J’ai la tête au paradis mais dans un train d’enfer. » Serge Gainsbourg
San Francisco – Big Sur. Nous louons la Harley à San Francisco et prenons la route du sud, direction Big Sur. Les sensations reviennent tout de suite : les pensées s’envolent au fur et à mesure des kilomètres, les soucis avec elles, les années passées de yoga avec Michèle m’assurant une bonne posture derrière le conducteur et pas de courbatures à la fin de la journée !
Pause à Carmel-by-the-Sea, à 150 km au sud de San Francisco, incontournable villégiature de bord de mer avec ses villas magnifiques, le golf de Pebble Beach, les magasins luxueux de la grande rue… Puis nous reprenons la route vers Big Sur sur ce qui est probablement sa plus belle portion : accrochée au bord du Pacifique avec des à-pics vertigineux, des virages en épingles à cheveux, des odeurs de pin, eucalyptus, agapanthes, œillets sauvages et séquoias se mêlent dans la douceur de cette fin de printemps californien.
De Big Sur à San Luis Obispo. La côte est sous la brume et la chaleur déjà forte quand nous repartons le matin puis s’atténue quand la route descend des hauteurs pour atteindre le niveau de la mer. Elle est escarpée et très belle, avec une successions de criques aux vagues heurtées d’un côté, de blondes étendues herbeuses brûlées par la sécheresse qui frappe la Californie de l’autre. Peu avant Hearst Castle (San Simeon – à visiter pour ceux qui ne connaissent pas), nous nous arrêtons au sanctuaire de Piedras Blancas où des milliers d’éléphants de mer paressent sur la plage au soleil ou pêchent dans les rouleaux du Pacifique. C’est un spectacle étonnant !
De San Luis Obispo à Santa Barbara. Après San Luis, s’il reste quelques beaux kilomètres encore à parcourir entre Lomboc et Santa Barbara, le paysage change sinon radicalement. Ce sont des plaines de cultures maraîchères intensives où nous passons d’entêtantes odeurs acides de choux à celles enivrantes et sucrées de fraises… La brume noie toute la côte côté Pacifique. Puis c’est l’arrivée dans celle qu’on appelle la riveria américaine noyée sous les palmiers, les azalées et agapanthes, qui n’est pas sans rappeler Carmel, mais le charme en moins…
De Santa Barbara à Los Angeles. L’arrivée à Los Angeles impressionne toujours avec son entrelacs de highways et freeways, les sept files de voitures de chaque côté (toute erreur de sortie est fatale et vous entraîne des kilomètres plus loin !). Au programme : la matinée au Getty Center et un retour nostalgique à la Villa Getty à Malibu, un déjeuner et un après-midi shopping décalés à Venice en profitant du spectacle dans la rue, avant de se prélasser sur la plage de Santa Monica. La Ville des Anges n’a rien à voir avec sa rivale ! D’ailleurs ceux qui aiment San Francisco ne l’aiment pas…
La moto thérapie. Rouler en moto est ainsi une belle thérapie pour se vider la tête, penser léger comme le petit sac*** qui rentre tout juste dans une des sacoches, être là ici et maintenant car le moindre écart d’attention peut être fatal, travailler sa posture en se tenant toujours droite les épaules bien en arrière, manger léger et ne pas boire pour tenir toute la journée en selle, se laisser aller au plaisir des rencontres improbables et à l’intimité à nouveau partagée avec son compagnon de voyage, capter les détails d’un paysage, humer toutes les odeurs, etc. La Californie ? Le pays rêvé des bikers ! Son climat doux et tempéré se prête merveilleusement à des raids en moto. Les motards sont nombreux, accueillants, respectés de tous et toujours prêts à bavarder. Vivement que je reprenne la route !
« Pour la première fois de ma vie je sentais que j’habitais le monde où j’étais né. » Henry Miller (Big Sur et les Oranges de Jérôme Bosch)
Marie-Hélène Cossé
* Créée en 1934, 1.000 km environ le long du Pacifique, celle qu’on appelle la Route No. 1, désignée sous le nom de Pacific Coast Highway (PCH) sur un segment ou bien State Route 1 Cabrillo Highway sur un autre, ou bien encore State Route 1 Shoreline Highway, demeure pour les Californiens la California Dream Road.
** Ce qu’il faut emporter dans son sac : un pantalon de rechange, un tee-shirt tous les deux jours ainsi que sous-vêtements et chaussettes, un bandana pour protéger ses cheveux du raplapla du casque et de la chaleur, gants et bottes de moto indispensables, lunettes de soleil, crème solaire, une bonne crème hydratante (Nutrix de Lancôme, très polyvalente, comme crème de jour, de nuit, de corps, pour les pieds et les mains) et bien sûr LA crème pour tous les bobos : Eight Hour® Cream d’Elizabeth Arden (secret transmis de mère en fille chez nous !).