« Nous sommes de moins en moins ensemble, mais de plus en plus côte à côte, les yeux rivés sur nos écrans, sans plus nous regarder. », dit l’anthropologue David Le Breton. Courbés sur nos écrans en tout lieu, à tout instant, dans une sorte d’état hypnotique…, nous n’avons jamais autant communiqué, mais ne nous sommes jamais aussi peu parlé ! Qui oserait encore demander son chemin dans une société où tout le monde semble pressé et où parler à un inconnu passerait pour incongru… Nous disparaissons à la moindre sonnerie de notre téléphone ou au moindre bip annonçant un message, à la fois présents, mais toujours prêts à s’absenter pour un interlocuteur virtuel au mépris de ceux qui nous font face en chair et en os. Nos smartphones, s’ils ont rapproché le lointain, éloignent le proche, font petit à petit disparaître le lien social et nous transforment en « exilés de l’intérieur » comme le dit David Le Breton. Alors ? Conversons, parlons, acceptons le silence, parfois même l’ennui, réapprenons la lenteur, ensemble. Débranchons et reparlons-nous avant que le portable « devenu partout autour de nous un cinquième membre encore plus ou moins détachable ne soit prochainement greffé à une main ou à une oreille »…
Marie-Hélène Cossé
LIRE La fin de la conversation. La parole dans une société spectrale de l’anthropologue David Le Breton (Editions Métaillé, mai 2024).
